Lâcheté et mensonges
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« Moi je suis pop et sauvage », chante Raphaëlle sur la chanson d’ouverture du troisième album de Raphaëlle et Axel, ce duo connu sous le nom de Metro Verlaine, dans une déclaration d’intention qui circonscrit le projet, non seulement de la chanson, mais du disque tout entier : Pop sauvage, ça veut bien dire ce que ça veut dire, il s’agit de chanter la nuit sauvage avec optimisme et de célébrer les journées ensoleillée avec mesure, dans un équilibre dont la fragilité fait l’intérêt. Lorsqu’on les interroge, nos deux Normands romantiques, adeptes de l’hésitation – comme la tradition populaire le dit à propos de leur région – parlent aussi bien de cold wave que de pop mélodique dans leurs inspirations, et choisissent de ne pas choisir. Et c’est bien ainsi qu’ils se distinguent de la masse des pratiquants d’un post-punk qui perd de plus en plus sa crédibilité.
Pop sauvage est beau, séduisant, et en plus, il est chanté – sur tous ses titres sauf un – en français, ce qui fait un bien fou (on avait craint un passage systématique à la langue anglaise…). Ce qui fait que si leur algorithme musical, à la fois familier et déroutant, peut les apparenter à The Horrors de la grande époque (la combinaison obscurité et lumière), on trouve chez eux des échos de Taxi Girl et de Daniel Darc qui nous froissent le cœur. Et la voix de Raphaëlle, dont on connait la fascination pour les divas soul, déverse parfois la même émotion qu’une Catherine Ringer à la meilleure époque des Rita Mitsouko, comme dans l’excellent Birthday Party, le titre le plus accrocheur de l’album, dès la première écoute.
Il faut bien admettre que la célébration d’une imagerie US classique, et donc archétypale montre parfois ses limites, comme dans Mustang (« une Ford Mustang dans le désert« ). Mais il y a ensuite le majestueux et menaçant Amour d’été, qui rattrape le coup, en faisant la démonstration que la « magie rock » fonctionne parfaitement en langue française, quand elle s’appuie sur des textes bien écrits, musicaux et percutants. Piscine monte en puissance de manière saisissante, la guitare tricotant une texture entêtante sur une rythmique obstinée, qui permet au chant de Raphaëlle de s’élever : « J’ai noyé mes rêves« . Et Metro Verlaine, pendant quatre minutes trente-neuf secondes, tutoie les sommets, même au fond d’une piscine.
« Je ne sors que tard le soir, les sens aiguisés comme un rasoir » : Hooligan laisse largement pénétrer sur les dance floors de la nuit parisienne une sorte d’euphorie – oserons-nous parler d’insouciance ? – assez sixties. C’est sans doute le titre le plus positif de l’album, et ça fait beaucoup de bien. Garden of Love est le morceau le moins intéressant du disque, mais c’est probablement l’utilisation plus convenue de la langue anglaise qui l’isole du reste des chansons, tandis que Raphaëlle excelle à monter en intensité au cœur d’un titre pourtant moins soutenu que les autres. Waterloo, enfin, joue des guitares carillonnantes, d’une mélodie séduisante et d’un texte plus existentiel (« Faudrait attendre que la mort passe, attendre, faudrait que je m’y fasse« ) pour célébrer la manière dont une défaite peut très bien s’apparenter à une victoire : une très belle conclusion pour un disque qui consacre définitivement Metro Verlaine et sa méthode pop et sauvage.
[Critique écrite en 2024]
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Créée
le 16 févr. 2024
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