Propulsé au rang de star à l'âge de 15 ans avec ses reprises mélancoliques au piano de Skinny Love et People Help the People, il est intéressant de constaté que si le temps des passage radios et des sommets dans les charts est bien révolu pour elle, Birdy poursuit son ascension vers une humble reconnaissance critique avec des albums, qui certes ne se vendent clairement plus à la pelle, mais possèdent des qualités indéniables depuis le brillant Young Heart qui sonnait comme un tournant inattendu dans sa discographie, grâce à des textes plus matures et des mélodies plus sophistiquées.
Mais comment la jeune Jasmine - de son vrai prénom - pouvait elle bien évoluer et apporter du rythme à ses compositions sans dénaturé son style ? Eh bien, en exploitant corps et âme son admiration pour la prêtresse de la pop anglaise, Kate Bush. Plus globalement, Portraits est un délicieux pastiche de la new wave et ce dès les premières notes de synthés saccadées de Paradise Calling qui lui offre tous les atouts pour devenir un tube en puissance. Sur Raincatchers, c'est un brin nostalgique que Birdy se dévoile, parlant de rêves et d'innocences sur un beat catchy et des strings martelant le rythme comme Kate le faisait avec Cloudbusting. Le clip accompagnant la chanson est aussi déroutant qu'étrange. Plus surprenant encore, Ruins I et Ruins II montrent deux points de vue différent sur la rupture amoureuse. Le premier profite d'un arrangement hypnotique. La froideur de son refrain « It's a cold, cold life / We'll never be the same again / I was blind / Now I'm seein' through it ») et l'orchestration en font un moment fort de l'album. Quand, au second, il y est plus question d'acceptation de laisser partir l'autre (« You have the right to walk away / It's all right in your hands »). Ce dernier rappelant là encore beaucoup l'album Hounds of Love de Kate, ce qui n'est pour autant pas pour me déplaire, loin s'en faut. Heartbreaker et Automatic reviennent à un rythme plus soutenue, comme une ode au lâcher-prise. I Wish I Was a Shooting Star a ce petit quelque chose de Bowie en s'interrogeant sur son devenir, la peur de sombré, comme l'ombre de Major Tom dans Ashes to Ashes. La chanteuse n'oublie pas ses premiers amours piano-voix avec la pureté de Your Arms qui s'intègre bien à l'ensemble. Battlefield commence dans la même vein et vient y ajouter délicatement de petites notes de synthés pour un résultat très juste. Le morceau éponyme, Portraits, est un moment suspendu, tout en nuances et légèreté, qui illustre l’influence de la pop de Christine And The Queens sur la jeune femme. Enfin, Tears Don't Fall est une jolie conclusion qui ne tutoie toutefois pas les sommets de la première moitié du disque. L'ensemble est cependant tout à fait honorable, respectable et mérite que l'ont s'y penche.
Sans rompre avec tout ce que l'ont connaissait d'elle et qui a fait son charme, Birdy ose laisser libre cours à son influence jusque là inexploité pour Kate Bush et la pop eighties. Bien que deux-trois titres ici auraient pu être des tubes radiophoniques, il n'y a ici pas nécessairement de démarche commerciale, mais une humble déclaration d'amour pour un style et une expression intime et personnel de la jeune chanteuse originaire du Hampshire pour quelques grandes figures de cette époque. Mention bonus pour la pochette avec une Birdy éprise, éblouissante, devant un reflet de toute beauté.