« Precambrian » est le chef d'œuvre ultime de The Ocean. Ce groupe de métal expérimental et originaire d'Allemagne propose un album concept mais pas n'importe quel concept, il se propose de nous raconter la création de la terre à travers les différentes ères terrestres ! Rien que ça.
Le premier CD se divise en deux parties : Hadean qui est l'hadéen qui s'écoule de la formation de la terre jusqu'à la première apparition de la vie. Puis il y Archaean qui est sous divisé en plusieurs parties : l'Éoarchéen qui correspond à l'apparition supposée des procaryotes (premiers êtres unicellulaires), le Paléoarchéen la plus ancienne forme de vie connue (une bactérie) provient de cette ère, le Mésoarchéen période où l'existence de stromatolithes (roches calcaires) a été prouvée et le Néoarchéen où il a été prouvé que dans cette période il y avait des traces de vies dans les stromatolithes.
Ce premier album relatant la naissance de la vie s'inscrit directement dans la tradition du death Technique, même ultra technique. The Ocean ne se contente pas de faire un death rentre dedans et basique, mais totalement chaotique et maitrisé. Plus les périodes se succèdent plus ce death se fait violent, bestial et complexe. Le chanteur ne laisse pas une seule seconde de répit, entre hurlements et chants gutturaux, la naissance de la terre ne se fait pas sans douleur. La déferlante de guitares et le martellement de la batterie fini de créer cette ambiance de début du monde. Quand ces 24 minutes se terminent, on est simplement abasourdit et impressionné par une telle maitrise technique.
Le deuxième album, nettement plus long, prolonge notre immersion avec la première ère du protérozoïque : Le paléoprotérozoïque.
Cette partie se divise en sous parties : siderian (le plus ancien système géologique), Rhyacian (système géologique intermédiaire de l'ère du Paléoprotérozoïque caractérisé par des coulées de laves), Orosirian, un autre système géologique intermédiaire de l'ère du Paléoprotérozoïque, l'atmosphère s'est considérablement enrichie en oxygène du fait de la photosynthèse des cyanobactéries, Stathérian le plus récent système géologique avec la formation de nouveaux plateaux continentaux.
Cette partie démarre radicalement différemment, les hurlements font place à un chant clair, les guitares sont plus légères et les mélodies plus évidentes. La musique continue à suivre l'évolution, le chaos est encore présent sur terre, les continents se forment toujours, les chants gutturaux réapparaissent mais se font moins insistants, le déferlement de guitares et de la batterie est moins denses. Puis le chaos et les mélodies s'alternent et se mélangent jusqu'à ne former plus qu'un. De temps en temps des violons apparaissent sur la période Orosirian et Statherian qui se termine sur une mélodie à la guitare se complexifiant toujours plus.
Puis le mésoprotérozoique succède au paléoprotérozoïque et se divise en 3 sous parties : le Calymnien caractérisé par l'expansion des plates-formes sédimentaires existantes, L'Ectasien et Le Sténien qui se caractérisent par des mouvements continentaux et des cratons. Calymmian revient à un death lent qui pourrait ressembler à du doom s'il n'était pas si violent puis Eclasian démarre sur des notes de piano qui se muent rapidement en chant death, lent et digne des plus grand morceaux de stoner. Les rythmiques alternent avec une incroyable fluidité.
L'album s'achève sur le Néoproteorozoique qui se divise en 2 sous parties : Le Tonien qui fait allusion à la fragmentation du supercontinent Rodinia et le Cryogénien qui correspond à la periode de glaciation de la terre. Cette dernière partie calme en apparence avec un rythme lent laisse place à une fureur s'enfonçant dans la torpeur. L'alternation de chants clairs et death sur fond de piano est toujours omniprésente et les riffs de guitares sont plus discrets.
Quand ces 61 minutes se terminent, il ne reste plus que le silence pour méditer. Vous voyez le death metal peut-être fin et intelligent !