ATTENTION SPOILERS !
C'est vraiment très délicat de parler de se livre, je connaissais Gide de nom, sachant qu'il était un écrivain français très célèbre. Après être tombé sur un classement des meilleurs livres du 20ème siècle, j'ai remarqué que les faux monnayeurs se trouvait dans le top 10. Généralement, j'accorde peu d'importance à ce genre de listes mais le hasard a voulu que je sois en possession du livre et, n'ayant rien à lire, je me suis décidé à tenter l'expérience. Et grand bien me fasse, ce doit être un des meilleurs livres que j'ai pu lire dans toute ma courte vie. Pourquoi ? Pour un nombre de raisons absolument énormes qui font que je ne pourrais pas toutes les énumérées mais en survoler les principales.
Je crois que l'idée originale qui m'a fait apprécier ce livre est déjà le fait qu'il brise les codes du roman en créant une intrigue qui n'est pas une intrigue. Je m'explique. Le roman a un nombre record de personnages qui se réunissent en petit groupe et qui vivent chacun une intrigue qui pourrait paraître sans grands enjeux de prime abord. L'intrigue principale, comme l'on trouve dans les romans classiques, est inexistante. Mais chaque personnage est étroitement lié à un autre, ils ne se connaissent pas forcément mais ils ont une connaissance en commun ou se croise par hasard le temps de quelques secondes, ce qui entraînera un nombre de conséquences incroyables à chaque fois. Ainsi, avec un total de 27 personnages, il faut s'accrocher, au début, pour ne pas se perdre dans les relations mais dès que l'on est rentré dans l'histoire, la magie opère.
Jusque là vous me direz qu'il n'y a pas une grande originalité, à part le fait d'avoir réussit un livre cohérent avec 27 personnages (d'autres l'on fait). Le livre est paru en 1925 donc ce qui va suivre est à remettre dans le contexte de l'époque (et comporte des spoilers). Plus de 25 ans avant la création du genre du « Nouveau roman », Gide en a posé les bases avec « les faux monnayeurs » et en a même fait la critique !
Le titre de cette oeuvre est, à l'origine, le titre du livre d'un des personnages du roman, Edouard Molinier. Ainsi, dans ce roman on retrouve des extraits du roman d'Edouard, en gros, une mise en abîme avec ce roman dans le roman. Les extraits du vrai-faux roman portent sur le thème de la littérature, Edouard fait une critique de la littérature et du roman traditionnel, il donne donc des explications sur la rédaction d'un bon roman. Explications appliquées à la lettre dans le roman de Gide, on en vient donc à voir le personnage d'Edouard et Gide fusionner ensemble, on arrive au point où l'on ne sait plus lequel des deux parle. Mais qu'importe, l'intérêt réside dans le propos qui est d'une maturité impressionnante. Il ne se contente pas de traiter de la littérature mais s'intéresse aussi à la philosophie appliquée au destin de bonne ou de mauvaise fortune des personnages du roman.
L'histoire en apparence basique n'est présente que pour servir un propos plus profond, comportant une analyse philosophique sur la vie. Il se permet même de donner son avis sur les personnages en intervenant personnellement et le tout est très fluide ! Imaginez en 1925 la révolution que pouvait être ce roman !
André Gide m'était inconnu auparavant, j'en ai honte, je conseil fortement « Les faux monnayeurs » à toute les personnes s'intéressant à la littérature française du début du siècle de se précipiter dessus. C'est un roman clairement moderne dans un style fluide et totalement en avance sur son temps. Une œuvre intemporelle.