Je ne me fais pas chier. J'utilise la même technique marketing que le rap français des années 90, l'âge d'or du CD...
je reprend ma critique postée sur première consultation et je lui
colle un inédit en bonus
et j't'emmerde !
Cet album est devenu avec le temps un monument incontournable du rap.
Je ne l'aurais pas parié à sa sortie
Il faut bien que je vous l'avoue, en 1996, à sa sortie quand la radio matraquait certains titres du Doc, j'avais du mal. Imagine en 1996 j'étais plutôt du genre à écouter :
Assassin avec l'excellent * L'Homicide volontaire *, NAP, Fabe ou encore 3 fois plus efficace. N'oublions pas que NTM sortait Paris sous les bombes et toute la bande signant la B.O de La Haine
Bref, vous l'avez compris, j'aime quand les paroles te font l'effet d'un uppercut et que le rap serve de tribune aux trop-souvent-oubliés, aux sans dent, aux sans culotte.
Alors un minet qui ne pense qu'à ken les barbie-zoulettes et qui en fait des chansons, ça me laisse froid. Un mec qui, quand il ne fait pas allusion à des parties de jambes en l'air, parlent de passements de jambes et de foot, heu… comment dire… ça me gave, ça me brise les ye-cou.
C'est en découvrant son album suivant, que je rêve de chroniquer ici, que j'ai eu envie d'approfondir plus ma relation avec le Doc
"Arrêtez de lui prendre la tête
Arrêtez de jouer vos zoulettes
Y'a que du rap à l'eau sur toutes les radios
Classez le dans la variet'"
dit le Doc Gyneco
Il revendique donc sa légereté, son côté rapalo avec humour.
Ah ! l'humour !
Ce n'est pas si courant dans le rap du début des années 90 et si je ne l'ai pas cité plus haut, c'était pour les besoins de ma démonstration et vous présenter mon profil hardcore, mais je suis un fervent fan d'IAM. Le groupe marseillais manie depuis le début l'humour dans leurs textes, mon autre profil de cœur.
Qu'est-ce qu'il dit ?
Les textes du Doc ne sont pas cons en fait et si, de prime abord, ils semblent superficiels, ils se révèlent, au final, plus profond :
Evidemment, on pense tout de suite à Nirvana qui aborde le suicide sans fard ni détour. Mais les filles du Moov ou encore Viens voir le Docteur dressent le portrait de filles perdues, plus porté sur l'apparence que sur l'intelligence. Les paroles sont dures et tendres à la fois. Comme sur ma S*** à moi qui au final est une tendre déclaration en décalage avec le vocabulaire employée ce qui en fait une figure poétique très intelligente. Le Doc n'est pas que le teubé enfumé qu'il semble être, c'est un jeune homme cultivé dont les textes sont emplis de références souvent implicite.
La description de son quartier est savoureuse, le morceau est une réussite. Les Antilles fantasmées de Né ici font saliver, encore un bon texte. Tout comme est osé et réussi la reprise et l'adaptation en français de Papa was a rolling stone de The temptations en un texte qui parle des relations avec son père qui a quitté le foyer quand Bruno avait 16 ans et de sa crainte de reproduire le même schéma tel père, tel fils :
C'était héréditaire, j'ai des reins d'acier
Je te tiens par la taille et tu ne peux plus bouger
Mords-toi les lèvres pour ne gémir
Je sens la fin venir
Laisse-moi partir
Aucune fille sur la Terre ne pourra me retenir
Je suis comme dit ma mère
Le sosie de mon père"
Forcément touchant
Et le flow ?
Encore une nouveauté dans le rap français, Doc Gyneco affiche un flow nonchalant, flegmatique du gars qui vient tout juste de finir son joint. Nous sommes loin des rappeurs gesticulants éructant leur texte dans le dégoût et la haine que la société leur inspire.
Son flow parait simpliste et sans fioriture mais il n'appartient qu'à lui est difficilement imitable. La preuve en est avec la reprise maladroite que tente Black M en single (prochainement sur SC).
Ecoute l'outro du titre les filles du moove qui finit en chanson complètement décalé du rap old school pour 40'' de délices sucrés, j'adore.
Et le son ?
C'est le son de cet album qui en fait un monument. Premier album français de G-Funk avec des sons qui ne feraient rougir ni l'autre Dr ou Snoop Doggy Dogg.
Ce n'est pas un secret, Doc Gyneco a réalisé son album en Californie produit par Ken Kessie, une pointure du funk qui compte Herbie Hancock, entre autre, dans son répertoire.
Il est a noté que le disque n'utilise que deux samples, Stop, Look, Listen (To Your Heart) de Diana Ross et Marvin Gaye sur Viens voir le docteur et l'excellent Catch It 'Fore It Falls de Side Effect sur Les filles du moove sans parler de la reprise des Temptations déjà évoquée.
Bonus
A la mode West Coast, les synthés funkys sont mis en avant et les chœurs sonnent souvent R'n'B. ça sonne bien, tellement bien que 20 ans après ça ne semble pas démodé.
Je dirais même plus, avec le recul, l'album est devenu un des éléments fondateurs du rap français. Et si je le boudais à sa sortie, je l'ai aimé lorsque je l'ai retrouvé aujourd'hui. Et non, je ne l'ai pas aimé par nostalgie, en me surprenant à bander en pensant à Vanessa ou sur les rates du XVIIIème.
Inédit
Non je l'aime parce que le son est bon et que les paroles sont bonnes comme Brandi Quinones. Et puis c'est un peu le seul album du Doc qui est un personnage attachant bien qu'un peu con au final… Grave con, même.
Il faudra un jour que j'écrive sur mon album favori du Doc, Les liaisons…
remix
Comme il a de nombreux fans qui lui demandaient très gentiment sur Facebook, le Doc, qui, ça tombe bien, se demandait comment payer ses impôts, ressort sa première consultation agrémentée de 20 pistes supplémentaires qui ne change pas grand-chose et ne rajoute rien.
Mauvaise langue que je suis :
- On entend le message du répondeur du Doc au 36 63 76 40.
- On a aussi le remix de né là-bas avec MC Janik. Ce qui est vraiment très sympa pour le MC Guadeloupéen car nous l'avions complètement oublié.
- Surtout, nous pouvons écouter une version de Nirvana piano voix.
- Et pourquoi pas s'arrêter un court instant sur la reprise de La Bohème par Gyneco et Assia.
Ça ne bouleversera pas l'ordre mondial, ni le plan secret de Nicolas pour reprendre le contrôle du monde mais c'est chouette au final de réviser ses maths en écoutant ses tracks (retrouve enfin la version originale de la critique)