Prequelle
7.1
Prequelle

Album de Ghost (2018)

Réfractaire depuis ma plus tendre enfance au Metal sous quasiment toutes ses formes, j'ai paradoxalement développé un amour profond pour le Blue Öyster Cult, que j'ai suivi fidèlement depuis 1973. La rumeur faisant de Ghost une sorte de réincarnation musicale de ce groupe magique avait forcément de quoi éveiller ma curiosité, et le virage pop annoncé avec ce "Prequelle" de quoi me rassurer, dans la mesure où je n'avais pas forcément envie de célébrer une messe noire de Doom Metal ou je ne sais quoi du même genre. Et de fait, les similarités avec le BÕC sont ici flagrantes, et posent Ghost comme digne successeur des "grands anciens"... même si la voix de Tobias Forge, qui semble trop neutre, voire parfois un peu limitée, n'a pas l'impérieuse majesté de celle d'Eric Bloom, et si les guitares n'ont pas non plus la beauté littéralement céleste de celle de Buck Dharma. Le plus gros problème posé par Ghost, pour qui n'a plus quinze ans depuis longtemps, reste incontestablement les textes, qu'on aura du mal à entonner en chœur sans éclater de rire : "Just wanna be / Wanna bewitch you in the moonlight / Just wanna be / I wanna bewitch you all night..." sur "Dance (sic) Macabre", ce n'est pas du Patti Smith, ni du Richard Meltzer !


Mais ne soyons pas mauvaises langues, tout le barnum visuel développé par Ghost, autour d'images religieuses caricaturales, change agréablement des poncifs du genre, et justifie sans doute la bonne renommée du groupe sur scène, tandis que la plupart des chansons proposées sur "Prequelle" sont d'excellentes compositions, rapidement mémorisables - le côté pop - et suffisamment complexes pour que le plaisir ne soit pas trop éphémère. En balayant efficacement des registres variés, depuis le metal pur et dur de leurs origines (le single "Rats" ne manque pas d'efficacité...) jusqu'à une pop FM à grand spectacle qui séduira les (éternels) ados au cœur d’artichaut (le final "Life Eternal"), en passant par deux incursions instrumentales très rock-progressif, Ghost confirme sa capacité à atteindre un vaste public et donc à connaître le réel succès planétaire que la bonne tenue de ses chansons lui permet d'espérer. Le BÖC n'y parvint jamais, souhaitons donc plus de chance à ses héritiers suédois !


[Critique écrite en 2018]
Retrouvez cette critique et bien d'autres sur Benzine Magazine : https://www.benzinemag.net/2018/07/09/ghost-pop-metal-et-enfants-du-blue-oyster-cult/

Créée

le 2 juil. 2018

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Eric BBYoda

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