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Pulver
7.2
Pulver

Album de Lifelover (2006)

Evacuons tout de suite le gros défaut de cet album, sa pochette. D'un mauvais gout absolu, certes totalement assumé de la part du groupe, elle peut laisser de potentiels auditeurs sur le carreau avant même d'avoir entendu une note du disque. Ce qui est fort dommage, car ce Pulver est aussi bon que sa pochette est moche, ce qui n'est pas rien.

Si on veut résumer rapidement, ce premier disque des suédois est à classer du côté du Depressive Black Metal, tant par les thématiques abordées que par le chant désespéré. Pourtant, tout au long de l'album, le groupe s'évertue à prendre le contrepied avec des chants d'enfants ou un solo d'accordéon. Le groupe avance constamment sur une ligne ténue, manquant à chaque moment de basculer dans le mauvais gout le plus absolu ou le coup de génie imprévisible, parfois même au sein du même morceau ("Mitt Öppna Öga"), avec et ses gémissements assez gênants, et sa magnifique conclusion à l'accordéon justement).

Il ressort de ce drôle de mélange une propension fabuleuse à composer de véritables tubes, que le groupe s'empresse souvent de saborder de la plus belle des manières. "M/s salmonella" et sa mélodies onirique d'une simplicité désarmante qui peine à resurgir au milieu d'un chaos total, "Vardagsnytt", et son riff absolument hypnotique et sa voix toute en reverb, "Kärlek, Becksvart Melankoli", malgré son intro qui m'évoque Mika, se termine sur quelques notes de piano finales d'une délicatesse infinie, sont autant d'exemples de la formidable capacité de création des suédois.

Malgré tout, il se dégage un étrange sentiment à l'écoute de cet album. Un genre de malaise pas vraiment identifiable, en même temps qu'une mélancolie qui déborde par tous les pores. Je me pose à chaque fois la question si tout cela n'est pas juste une grosse blague, tellement le grotesque est présent, la pochette (on ne reviendra pas dessus), le nom, tellement ironique, les titres des chansons, ou cette musique boursouflée de partout, et pourtant si minimaliste si l'on passe tous les ajouts étranges et incongrus. Et pourtant, le malaise suinte bien à chaque seconde, les mélodies maladives s'ancrent insidieusement, les paroles, qui si on prend la peine de chercher à les traduire, débordent d'un mal-être évident, et surtout le chant de Jonas Bergqvist, qui lui ne trompe guère l'auditeur quant à l'abîme de tristesse sur lequel il ouvre.

Au final, si je ne sais toujours pas quoi bien penser de la démarche derrière ce Pulver, une chose est certaine, il n'a aucun équivalent, même au sein de la discographie du groupe. Un disque unique, terriblement addictif, qui n'en finit jamais de vous suivre.


Chronique initialement publiée sur Xsilence.net

El_rodeo
9
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le 21 avr. 2023

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