Combien on peut faire de variations sur le son du Velvet sans être redondant ?
Obsessionnel compulsif attachant, Dean Wareham a consacré sa carrière à explorer la question. D'abord sous une forme shoegaze avec Galaxie 500. Puis en format de plus en plus pop avec Luna. Qui sort en 97 un quatrième album dont personne ne se souvient. Pourtant, la critique avait encensé le précédent. A été clémente avec celui-ci. Indifférente mais polie. Et même si la production est plus lisse, même si le volume de réverb est revu à la baisse, la formule n'a pas changé : voilà dix tranches de dream-pop gentiment fuzzy et généreuse en solos d'orfèvre.
Le cowboy de la pochette n'annonce pas de virage country, même si Wareham cite régulièrement les Byrds et qu'on sent déjà son amour pour le grand songbook américain, répertoire qu'il revisitera joliment en compagnie de Cheval Sombre vingt ans plus tard. Et puis si, quand même, il y a ce son twang, difficile à définir, cette nonchalance dans le geste. Il y a "City Kitty" avec son accordéon et son violon. La mandoline sur "Beggar's Bliss", comme si R.E.M. était passé par là. De la country de citadin qui rêve d'agrandir son terrain de jeu. Et agrandit subtilement l'univers de son groupe.
Le Velvet oui, mais celui de "Lonesome Cowboy Bill". À l'époque du sacre de Radiohead, Daft Punk et Björk, ça pouvait paraître ringard. Mais maintenant qu'on peut écouter ce qu'on veut quand on veut, ce serait dommage de se priver.