Father John Misty, le grand retour. Deux ans après le succès critique phénoménal qu'a engendré I Love You Honeybear, Joshua Tillman régale de nouveau sa horde de fan avec un drame musical imposant, portant le nom satirique et (tristement) réaliste de Pure Comedy. L'ex-batteur des Fleet Foxes continue ainsi de bâtir cette carrière solo avec un troisième album, entamée en 2012 après avoir rompu avec le gang de Robin Pecknold. Mécontent que le simple chandail de Pecknold attire plus d'attention que le génie latent de Tillman, ce dernier s'est convaincu de faire étalage de ses talents, pour le plaisir d'un public américain avide de folk teintée de philosophie critique et progressiste.
Je disais donc : continuant de bâtir cette carrière solo, Tillman sort finalement Pure Comedy. Avec ses paroles incisives et moqueuses, le tout sur un fond de piano, on a rien perdu du people-crooner-hipster que l'on commence à connaître si bien.
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Mais rentrons dans le vif du sujet. Pure Comedy est rempli de bonnes idées. Qu'on se le dise. Tillman pose un regard critique sur notre société de consommation, le capitalisme, l'état actuel des Etats-unis, nos habitudes de divertissement, et ce avec toujours beaucoup d'humour (sur Total Entertainment Forever notamment) et avec la lucidité nécessaire pour tenir son auditeur intéressé. Je n'ai pas parcouru toutes les paroles, mais les échantillons sur lesquels je me suis penché ont tous été convaincants, sincères pour la plupart, et à mille lieux de la prétention et de la condescendance que je redoutais. Aussi, à ma grande joie, aucun commentaire bateau sur la présidence de Trump, qui vaut à chaque artiste qui en fait part dans ses chansons un bannissement à vie de mes playlistes.
A l'inverse, s'il on considère la musique en elle-même, on sombre vite dans l'ennui. Septante cinq minutes de ballades piano-violon-guitare, c'est fort étouffant. Pour comparer avec I Love You Honeybear, c'est comme s'il étendait son morceau Born In The U.S.A. à la durée d'un double album entier. Peu importe la qualité des compositions, Pure Comedy est un album extrêmement lourd à écouter du fait de sa monotonie abyssale. C'est déjà la quatrième fois aujourd'hui que j'entame l'écoute de cet album, et c'est la quatrième fois pareillement que je dois recommencer la lecture de Pure Comedy à zéro du fait que je n'ai strictement aucune idée de ce qui s'est passé durant mon écoute. Je perds vite le fil, je l'avoue. C'est peut-être de ma faute. Peut-être que je suis intolérant à sa musique. L'ambition de Joshua Tillman de créer un album axé sur des textes créant la polémique et le débat s'est confronté à l'absence d'ingéniosité concernant ses compositions, toutes plus semblables les unes que les autres. En une phrase : c'est pas très varié du côté musical de la chose.
Mara taunts me 'neath the tree She's like, "Oh great, that's just what
we all need Another white guy in 2017 Who takes himself so goddamn
seriously." She's not far off, the strange thing is That's pretty much
what I thought when I started this It took me my whole life to learn
to the play the G But the role of Oedipus was a total breeze
Heureusement, les textes sauvent les meubles. Et si la personne de Father John Misty en agace plus d'un, l'on doit quand même reconnaître que son culot, son authenticité et son auto-dérision en font l'une des personnalité musicale médiatique les plus intéressantes de la décennie, qu'on le veuille ou non (fallait bien que quelqu'un prenne la place des frères Gallagher après 20 ans). A ce sujet, si vous détestez monsieur Tillman pour sa sur-représentation dans les médias et sur les réseaux sociaux, donnez quand même une chance à son travail artistique. Il est loin d'être aussi arrogants dans ses textes que dans les interviews quotidienne du New Musical Express et de Pitchfork.
4/10 pour la musique, 8/10 pour les textes ; un 6 me paraît être un bon compromis. Va pour le 6.