Le deuxième album de Spiritualized, Pure Phase, fait partie de ces disques tellement fous qu'il est impossible de le comprendre d'emblée. Trop grand, trop immense, trop ambitieux. Fondé sur les cendres encore fumantes des hautement légendaires Spacemen 3 et mené par Jason Pierce, la formation avait déjà publié d'entrée un coup de maître: Lazer Guided Melodies. Elle revient aux affaires 3 ans plus tard avec la même conviction et un album encore plus impressionnant.
Pure Phase est en fait l'album où Jason Pierce fait vraiment étalage de toute sa virtuosité pour la première fois, en incorporant dans sa musique cordes, cuivres et claviers avec une maîtrise proprement hallucinante. La largeur de sa palette n'a alors aucun équivalent dans le monde du rock. Pourtant à l'époque, personne n'a rien à foutre de Spiritualized, les ventes de cet album seront d'ailleurs mineures. La même année, Sparklehorse publiait également un chef-d'oeuvre absolu dans l'indifférence générale... Drôle d'époque donc... Passons.
Dans Pure Phase, l'ampleur des drones shoegaze n'a d'égale que la splendeur des mélodies qui se métamorphosent et prennent des accents pop ou psychédéliques l'espace d'une chanson. Il est peu dire qu'on a depuis bien longtemps quitté la terre ferme et que toute cette magie nous a emmené très loin dans une autre galaxie.
On retrouve dans ce disque des solos de guitares électriques tellement impensables qu'on croit presque apercevoir le fantôme d'Hendrix jammer avec celui de John Cipollina le temps d'une chanson (These Blues). Ceux-ci s'évanouissent délicatement dans la nuit et laissent la place à une complainte sublime (Let It Flow), presque gospel, et tout semble naturel. Et tout l'album est comme ça, que d’enchaînements comme ceux-ci, incompréhensibles mais merveilleux pourtant.
Mais rien se sert de trop s'étendre, il vous suffit d'aller faire un tour sur Youtube, Spotify ou Deezer pour vous rendre compte de toute cette magie par vous même.