« Très loin des ventes et des chiffres, mais près de la musicalité »
Cette phrase de Damso dans Dieu ne ment jamais (Ipséité, 2017) résume parfaitement la volonté de Damso avec cet album, et qui fait défaut à beaucoup trop d’artistes du paysage rap : proposer un album recherché musicalement parlant, en ne se préoccupant pas de problématiques commerciales.
Cette démarche, déjà amorcée avec Lithopédion, ne plaisait pas à Booba, qui avait fait comprendre à Damso que son 3ème album n’était pas assez commercial, manquait de hits. Damso, maintenant indépendant avec son label 34 centimes, est désormais totalement libre de ses choix artistiques. Son album QALF représente cette devise : Qui Aime Like ou Follow. Si tu aimes l’album, tu l’écoutes. Si tu ne l’aimes pas, tu ne l’écoutes pas. Damso refuse de donner au public ce qu’il attend. Damso est maître de sa musique, et refuse de se plier aux exigences des auditeurs, et propose un album d’une incroyable richesse, que ce soit au niveau des productions, des thèmes abordés (on passe de l’égotrip, à la paternité, en passant par l’amour des femmes et la relation avec sa mère, ou encore un constat de l’état actuel de l’Afrique), du registre de ses morceaux. Des morceaux rap, des morceaux plus pop, des morceaux aux sonorités africaines...
Damso réussi le pari, dans une industrie dominée par l’obsession des chiffres, de délivrer un album personnel, qui ne se préoccupe pas de la volonté des auditeurs. L’artiste fait ce qu’il lui plait, et en résulte un album merveilleux, et magnifiquement bien mixé par Jules Fradet. Mention également aux featurings de l’album, excellent, notamment Hamza sur le morceau BXL ZOO qui a proposé l’un des meilleurs couplets de l’année 2020 en rap francophone.
Avec cet album, il est à espérer que d’autres artistes sortiront de cette culture du stream, en produisant des projets recherchés musicalement, plutôt que de chercher à être le plus mainstream possible.
Dems.