Il me semble que c'est l'album des Who le plus difficile à apprécier. Il est plus complexe et plus profond. Au bout d'une ou deux écoutes je ne l'aimais pas, mais d'un coup il y a eu le déclic qui fait qu'à chaque écoute je découvre quelque chose de nouveau, je reconnais quelque chose que j'avais oublié... je n'ai pas une seconde de déplaisir sur cet album.
Les compositions sont ce que Townshend a pu faire de mieux et leur interprétation par le groupe arrive à retranscrire une ou plusieurs émotion quelque soit la chanson (bien que je reconnais avoir un peu de mal avec "Drowned"). La voix de Roger Daltrey est peu mise en arrière, mais ainsi elle devient un instrument, comme le sont les autres. Quadrophenia compte les meilleurs parties de voix du chanteur avec notamment "Doctor Jimmy" et surtout le magnifique "Love Reign O'er Me". Keith Moon a toujours sa frappe sauvage mais qui semble plus précise, plus canalisée. Et si vous voulez vous décourager de l'apprentissage de la basse, écouter "The Real Me" ou n'importe quel autre morceau, basse isolée, de l'album.
La construction en opéra-rock marche parfaitement, avec les thème qui voyagent d'un bout à l'autre de l'album, qui reviennent en force ou qu'on ne peut déceler qu'en écoutant attentivement. La progression de l'histoire, comme pour Tommy, marche moins grâce à la narration (surtout lorsque l'anglais n'est pas notre première langue) que grâce à la musique dont l'évolution permet de deviner ce qui arrive au personnage. Évidemment cela n'est valide que si on a une idée du sujet. Je vous invite d'ailleurs à vous renseignez sur le sujet, c'est un peu complexe (c'est pour ça que je ne développe pas), mais très intéressant.
Les synthétiseurs, plus discrets que dans Who's Next, se marient toujours parfaitement au style rock agressif du groupe, le tout relevé par les cuivres d'Enstwisle. Musicalement, je dirais que c'est l'album le plus riche du groupe mais encore une fois, il faut passer l'étape de la découverte difficile. Comme pour le film en fait, qui est bon mais qui ne se laisse pas aborder facilement. Et c'est justement cette difficulté qui fait que j'aime tant cet album: il m'a fallu l'apprivoiser, et passer ses obstacles, mais cela fait, il ne me reste plus que mes 81 minutes préférés en musique.