Fanfare royale
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le 15 oct. 2014
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Après les balbutiements du premier album, où un groupe talentueux cherche à créer son style malgré l'influence énorme des Who ou de Led Zeppelin, Queen affirme ici son propre son, sa patte artistique. L'identité du quatuor sort de sa chrysalide, et le côté théâtral, excessif et pompeux du groupe nous montre ici un joli visage.
Queen II a pour particularité intéressante de contenir deux faces : l'une dédiée au rock pur et dur, l'autre à l'opéra et à la féerie, l'univers de Taylor, May et Deacon contre l'univers de Freddie Mercury, en somme, le tout servi par une homogénéité impeccable, signe de la bonne entente artistique du groupe.
L'album s'ouvre avec la piste instrumentale Procession qui plonge immédiatement l'auditeur dans le son de guitare immédiatement reconnaissable de Brian May, avant que ne déboule un Father to Son qui aurait bien pu appartenir aux Who tant la proximité sonore avec la bande à Daltrey est frappante. Évidemment, Daltrey est Daltrey, et Mercury est Mercury, donc on reconnaît Queen, mais impossible de ne pas penser aux Who.
White Queen est déjà bien plus original, dans le sens "qui se démarque des aînés". Queen pose les fondations d'une formule (ballade acoustique avec chœurs) qu'ils reprendront plusieurs fois, notamment avec Love of my Life.
Some Day One Day est un magnifique morceau chanté par May, cristallin et fantastique, à l'image d'un Battle of Evermore, duquel il se démarque cependant grâce à la présence marquée de la Red Special, lui conférant une identité propre.
The Loser in the End est la spéciale Taylor. Le batteur blond pose sa voix cassée et rocailleuse sur un morceau plus énergique, plus couillu, plus dense. Lui aussi répétera la formule beaucoup de fois dans la discographie du groupe, toujours avec le même entrain.
Ogre Battle est ma piste préférée. J'adore ce riff heavy metal, qui revient comme une horde de Huns à chaque moment plus calme pour tout dévaster sur son passage. Le refrain aigu est énorme, le pont est épique à souhait, on y sent une volonté de varier les rythmes, les sonorités, les motifs, bref, de donner un élan d'opéra aux compositions... nous voilà dans l'univers de Freddie !
The Fairy Fellers Master-Stroke apporte un côté déjanté avec ses sonorités burlesques, mais savamment harmonisées par un son plus lourd grâce aux guitares et à la basse de Deacon. Mercury y est comme un poisson dans l'eau, jouant avec son organe au sein de cette pièce lui permettant une pleine expression de sa créativité.
Nevermore est un très bel interlude où le timbre du pas encore moustachu frappe par sa pureté.
Pièce maîtresse de l'album, la dantesque March of the Black Queen nous offre moult rebondissements, tous marqués par le son Queen, maintenant bien pertinent, et culmine à l'apogée esthétique avec un échange monumental entre Mercury et Taylor au milieu de la chanson, sublimé par les cris suraigus et harmonisés des membres du groupe, ce qui deviendra une de leur marque de fabrique.
Funny How Love is est agréable mais un peu redondante, et "Seven Seas of Rhye" bien meilleure, avec ce piano survolté à la Meat Loaf.
La fusion des talents du groupe crée une dynamique musicale puissante, soutenant les compositions ambitieuses, surtout celles de Mercury, plus propices au rock théâtral qui permettra au groupe de composer l'anecdotique Bohemian Rhapsody.
En somme, Queen II est un album audacieux et artistiquement accompli qui montre le talent et la créativité de Queen. C'est l'accès à la maturité d'un groupe qui ne cessera de s'améliorer, jusqu'à devenir mythique.
Créée
le 11 déc. 2023
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