L'un des atouts majeurs de Qui M’aime Me Suive est l'authenticité qui émane des textes de Salif. Il y explore des sujets comme la loyauté, la trahison, la vie de quartier, la pauvreté, et le racisme institutionnel, donnant à l’album une portée sociétale forte. L'artiste mêle des récits personnels, souvent touchants, à des réflexions plus larges sur la société, ce qui résonne particulièrement avec son public. Par exemple, dans Nostalgie Du Block, il se livre sans fard sur ses doutes et ses désillusions, tandis que L'homme Libre traduit son aspiration à laisser une empreinte dans le rap.
L'album se distingue également par la diversité de ses ambiances musicales. Les productions, assurées notamment par des beatmakers comme Produit par Canardo, Cannibal Smith et John Gitlis (Enhancer), oscillent entre des sonorités sombres et introspectives et des rythmes plus vifs et énergiques. Salif parvient à s'approprier chaque production, à faire de chaque morceau une expérience unique. Son flow est percutant, maîtrisé, et les punchlines, parfois cinglantes, illustrent une grande maîtrise de l’écriture.
Malgré ses qualités indéniables, Qui M’aime Me Suive n’est pas exempt de quelques faiblesses. Le ton sombre et la gravité des thèmes abordés peuvent donner un côté répétitif au projet, surtout pour les auditeurs qui ne sont pas familiers avec le style de Salif. Certains morceaux peuvent sembler un peu redondants dans leur structure et dans leur contenu, ce qui atténue l’impact global de l’album. De plus, bien que les instrumentales soient de qualité, elles ne renouvellent pas nécessairement les codes du rap français de cette époque. Salif est un excellent narrateur, mais l'album ne contient pas toujours des refrains accrocheurs ou des expérimentations sonores qui auraient pu marquer davantage.
Source : lerapcetaitmieuxavant.fr