Étonnant. Seulement ma quatrième critique musicale, et déjà la panne de la feuille blanche. Pas d’accroche accrocheuse, pas de punchline percutante, aucune blague de beauf ni même un seul jeu de mots bien lourd dans mon carquois, rien, nada.
Perturbé, j’ai cherché les raisons de ce manque d’inspiration en demandant conseil à mon entourage. Sur leurs recommandations, j’ai commencé la méditation chinoise, lu 7 bouquins de développement personnel, consulté 3 psys, ingurgité l’équivalent du lac d’Annecy en jus détox betteraves papaye (bio, évidemment), et vandalisé une boucherie en tagguant « Le boucher m’a tuer #GoVegan » (oui, mon entourage ne vote pas à droite).
Rien n’y fit, toujours aucune réponse à mes questions. Ma plume s’essoufflerait-elle ? Aurais-je déjà épuisé tout mon stock de blagues de beauf ? Ma carrière de critique amateur serait-elle vouée à une fin prématurée, comme le fut celle de Nicolas Hulot ?
Quand soudain, la réponse m’apparut comme une évidence, et m’emplit d’une émotion si vive que j’en renversai mon smoothie avocat noix de coco (bio, évidemment) sur mon pull garanti 100% cruelty free. Si je ne trouvais pas grand-chose à dire sur Radiate, le deuxième album de Jeanne Added, c’est parce qu’il n’y avait tout simplement pas grand-chose à dire dessus.
Pas identique mais peu différent
Après un premier album Be Sensational (oublions Yes is a pleasant country) plutôt réussi qui lui attira les faveurs des médias, Jeanne Added était attendue au tournant. Les deux singles promotionnels qui servirent d’amuse-bouche avant sa sortie officielle alternaient le bon et le moins bon : La captivante montée en puissance des claviers de Radiate contrastait avec le refrain poussif et les paroles creuses de Mutate. Un partout, balle au centre, tout reste à faire pour le FC Added.
Comme le laisse suggérer sa couverture d’album, la chanteuse délaisse l’atmosphère sombre de son premier opus pour nous offrir son alter ego lumineux. Et si la transformation est dans l’ensemble plutôt bien réalisée, comme sur le très dansant Enemy ou le joyeux Falling Hearts, elle ne parvient pas à proposer suffisamment de moments forts et de morceaux marquants, malgré tout le talent vocal déployé par la rémoise. La production reste assez basique (on frôle parfois l’overdose de claviers), et la seule envolée notable intervient sur Song 1-2, qui commence par un passage très similaire à la chanson Ready présente sur son précédent album, et s’enchaîne avec le très décevant morceau de clôture Years have passed.
Si Radiate n’est pas un mauvais album, il peine toutefois à apporter de la nouveauté et reste en ce sens un projet facilement oubliable, dont l’intérêt s’efface passées quelques écoutes. Malgré une progression plutôt agréable et une plus grande diversité musicale que son prédécesseur, on a l’impression de tourner un peu en rond, voire d’assister par moment à une redite. A écouter pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’univers de Jeanne Added ou les fans inconditionnels de la première heure, les autres préféreront probablement passer leur chemin.
- En quelques mots : Le côté clair de Jeanne Added
- Coups de cœur : Radiate, Song 1-2
- Coups de mou : Years have passed
- Coups de pute : Mutate
- Note : 5+