Après un très bref passage chez Columbia Records et la sortie d’un seul single (‘Kickin’), c’est début 2010 que la carrière de Yelawolf va enfin décoller avec la sortie en téléchargement gratuit de son projet ‘Trunk Muzik’. Rapidement l’ambiance sombre dégagée par ce projet, et notamment sa complicité avec le beatmaker WillPower, séduit un grand nombre de personne. Le MC de l’Alabama et le label Ghet-O-Vision Entertainment ont réussi leur pari, le buzz est lancé et quelques mois plus tard Yelawolf signe un deal avec Interscope Records, ils en profitent pour sortir en fin d’année une nouvelle version (payante cette fois-ci) de son ‘Trunk Muzik’ intitulé ‘Trunk Muzik 0-60′. Jimmy Iovine présente rapidement sa nouvelle signature à Eminem et ce dernier décide de l’intégrer à sa structure Shady Records qui après avoir connu de gros succès, comme le ‘Devil’s Night’ de D12, le ‘Cheers’ de Obie Trice ou le ‘Get Rich Or Die Tryin’ de 50 Cent, cherche un second souffle depuis le retour de Marshall Mathers dans le rap game (des artistes comme Stat Quo, Bobby Creekwater et Cashis ont subit cette transition peu productive).
Au début des années 2000 on pouvait sans problème prédire à quoi allait ressembler une sortie Shady Records : une ambiance très sombre et agressif produite en grande partie par le camp Shady/Aftermath avec en tête ses 2 patrons, Eminem et Dr. Dre. Aujourd’hui les choses ont bien changé, et si on ne peut que se réjouir de retrouver WillPower à la baguette de la moitié des morceaux de cet opus, le docteur lui est absent et Eminem est très discret dans les crédits avec seulement 1 co-production et 2 productions additionnelles. L’autre interrogation était de savoir si le gros succès commercial du ‘Recovery’ d’Eminem allait transpirer sur ce projet, avec notamment le recours à outrance de refrains chantonnés que ce soit par Yelawolf lui-même ou des invités. A l’écoute de la 2ème partie de l’album on comprend rapidement qu’ils ne s’en priveront pas avec des tentatives commerciales sans équivoque que ce soit ce ‘Radio’ produit par Jim Jonsin ou le ‘Made In The U.S.A.’ avec un refrain très Rihannesque interprété par Priscilla Renea, dans cette même catégorie il faut aussi citer les morceaux ‘Good Girl’ ou ‘Write Your Name’, ça commence à faire beaucoup trop pour moi pour un seul projet.
Heureusement le début d’album est plus fidèle à l’ambiance du ‘Trunk Muzik’, on regrettera de ne pas avoir plus de titre comme cette excellente collaboration ‘Get Away’ avec Shawty Fatt et Mystikal ou les 2 armes de destructions massives ‘Hard White’ (avec Lil Jon) et ‘Growin Up In The Gutter’ (avec Rittz) qui nous montrent un Yelawolf enragé qui excelle dans ce genre d’exercice. Si les beats de WillPower sélectionnés pour ce projet ont du mal dans l’ensemble à tenir la comparaison avec ceux du ‘Trunk Muzik’ et notamment le classic ‘Pop The Trunk’, il y a quelques choses à retenir comme l’intro ‘Radioactive’, ‘Everything I Love The Most’ et ‘The Last Song’, et dans une moindre mesure les ‘Slumerican Shitizen’ avec Killer Mike et ce ‘Throw It Up’ avec Eminem et la rappeuse Gangsta Boo. Des titres comme ‘Let’s Roll’, ‘Animal’ et ‘The Hardest Love Song In The World’ se laissent plus ou moins écouter mais on est très éloigné du niveau et des délires affichés en début d’album. Sur cette première sortie sur major Yelawolf s’est laissé aspirer par ce qu’on lui a demandé, un album qui marche pour un public le plus large possible quitte à mettre de côté son univers musical principal beaucoup plus agressif. Ce ‘Radioactive’ est au final un pot-pourri de ce qu’il sait faire et ce qu’on lui a appris à faire…