À Picturesofcure.com, on aime bien Mogwai. Et ce n’est pas parce que le groupe voue un culte à Robert Smith ou qu’il a été invité sur la tournée Curiosa de 2004. En fait, on les aime car depuis Young Team, leur 1er album, les 5 Écossais ont réussi l’exploit de renouveler leur univers vaporeux fait de compositions tantôt bruitistes tantôt neurasthéniques. Certes, tous leurs albums ne se valent pas. Mais un peu à l’image de Depeche Mode, avec qui ils n’ont pas grand chose en commun, les membres de Mogwai parviennent à explorer de nouvelles frontières en piochant parfois dans des mondes parallèles allant du métal à l’indus le plus noir.
2013 fut une très bonne année pour eux. À la demande de Canal +, ils ont composé la bande originale de la série Les Revenants, contribuant ainsi à son succès. Les fantômes aperçus tout au long des 14 titres que compte l’album ont laissé des traces. Car Rave Tapes hérite de quelques ambiances hantées. "Remurdered" est de celles-là. Un titre tout en tension où guitares et synthés torturés se partagent l’espace.
Dès "Heard About You Last Night", qui ouvre Rave Tapes, vous êtes prévenu : la brume et l’inconnu vous ouvrent grands leurs bras et vous invitent à venir vous y perdre. Une errance placée sous le signe synthétique avec "Simon Ferocious" et "Repelish", qui ne contribueront pas à faire de Rave Tapes un chef d’œuvre mais qui ont au moins le mérite d’ériger les fondations et d’annoncer des plaisirs à venir.
"Master Card" est un peu le morceau ovni de l’album. Non pas qu’il soit démentiellement original mais parce qu’avec lui Mogwai revient à un rock qu’on lui connaît et qu’on qualifierait de « basique » si ce terme n’avait pas une connotation de facilité. Donc je ne l’utiliserai pas (en fait si mais oubliez…). Un titre au final plaisant, parfait pour introduire le quarté final, grandiose.
Et ça commence avec "Deesh". On parlait plus haut de tension, là il faudrait peut-être envisager la colère. Une rage froide qui n’est pas sans rappeler l’album Pornography de The Cure. Alors là je vous vois venir avec vos grosses Doc Martens : « WTF ? Tu compares Rave Tapes à ce brûlot glacé et torturé qu’est Pornography ? ». Diantre, non. D’abord car je parle d’un seul titre. Et ensuite car force est de constater qu’on y retrouve un peu de la même énergie. Et comment ne pas faire le rapprochement entre la batterie martiale de "Deesh" et celle entendue sur "Siamese Twins" ?
Poursuivons avec "Blues Hour" qui est un très bel auto-hommage à "Cody" (Rock Action, 1999). Piano, chant murmuré, guitares etc. : un ensemble que maitrise parfaitement Mogwai. Une douceur enrobée d’un peu de saturation, discrète, qu’on apprécie particulièrement. Fermez les yeux et les images viendront.
Pénultième étape : "No Medecine For Regret", qui vous indique que la fin est proche (mais non, pas la votre… ). Les sonorités un brin eighties de la batterie et des claviers font du bien.
La marée monte, il est temps de rentrer. Car les premiers sons perçus de "The Lord Is Out Of Control" sont des bruits de vagues. Pour cette ultime plage de Rave Tapes, Mogwai nous ressort un accessoire connu de leur boîte à outils musicale : le vocoder. Une très belle manière de clore les débats.
En conclusion, on retrouve sur Rave Tapes tout ce qui a contribué au succès de Mogwai depuis leurs « débuts » en 1997. Et c’est toujours avec le même souci de précision que sont taillées leurs chansons. Des chansons qui, comme toujours, sont teintés de mélancolie. On dit que qu’il n’y a pas de lumière sans ombre. Avec Rave Tapes, on serait plutôt tenté de penser le contraire.