« Le Désert Croît... » et le monde occidental continue de tenir pour normal que notre existence soit dépourvue de toute signification, détachée du supra-monde. De-là une vie intérieure atrophiée, informe et instable. Possédant une impulsion vers la transcendance, l'inconditionné et l'idéal, Laylow ne pouvait se contenter du nectar contemporain. Gambit de l'asphalte, il cherche depuis Mercy à pénétrer ces forêts au cœur des capitales dans lesquelles règne l'esprit libre, réponse à l'éternelle question : « pourquoi suis je ici, maintenant ?». Voilà l'origine de cette musique « Digital » . Elle correspond à la volonté d'abstraction qu'il garde en lui comme un abbadir. A ce besoin d'affirmer la présence d'un monde parallèle duquel il peut puiser l'intrépidité sereine et l'inspiration sublime que peut offrir la présence de la mort. Il s'est agenouillé devant l'immensité et s'est efforcé de bannir de sa pensée toutes les formes convenues, tous les symboles éculés, afin de mieux saisir l'esprit immuable que les apparences dérobent toujours. Né à nouveau, et habité d'un savoir pur il a compris que la meilleure manière de d'exprimer une vision du monde était de lui donner corps.
Il porte en lui la fusion de ces lions dévorateurs de Soleils et de ces Pythons aux ténèbres visqueuses.
_____________ RAW. ________________
10 titres comme la cohésion parfaite ou la successions des plaies pharaoniques.
Point de départ : RAW. Sur-information pour l'auditeur lâche écrasé par des sonorités agressives qui pleuvent sur lui comme des cavimanus aux pinces épaisses. C'est la réalité brute contenue dans la violence de l'univers urbain vicié, agressif. Mobiles utilitaristes, désirs, sollicitations excessives et concurrence permanente.
Assuré d'avoir joui des princesses syriennes qui transpirent le stupre et d'avoir rempli son coffre d'Or, de Cuivre et d'Etain, il peut prendre sereinement la fuite dans Ciudad.
Cette surcharge permanente de sons, de goûts, de sensations est l'étape nécessaire à l'évanouissement de son moi automatique, mécaniste et rationaliste qui ouvre la porte à des sons plus éthérés.
[Éléphant] De retour dans le palais cyclopéen de son esprit. Les colonnes couvertes de mousses et les sols ravagés par les herbes humides, il retrouve son éléphant comme le pacha son tigre. Cette masse grise et assoupie prête à avaler la lune, lui inspire ce titre dont le flow est habité par la déception de celui qui est revenu d'entre tous les vices. 6Heure du matin, comme souvent, ce moment où la nuit lutte avec le soleil pour la domination du jour prochain.
[Pk tu m'intéresse] Réveillé dans les bras d'une succube délicate, il prend conscience de la vanité de sa nuit vécue à ses côté. La faute d'orthographe dans le titre indique le détachement du poète oriental face à la femme qu'il ne considère même plus grammaticalement. C'est le prince-mage qui se met à suivre avec légèreté l'étoile lumineuse de son destin et qui écarte tendrement les indolentes qui se proposent à lui. C'est la posture du lion pacifique qui dépèce sa proie avec tendresse.
[Médaille]Sur le chemin, il se remémore les folies passés, assuré qu'elles ne se reproduiront qu'à la fin de son périple.
[Action Men] Remontée patiente dans le bolide digital. Laissant à l'air libre toutes les fantaisies ailées et rampantes. Le vice n'est plus le matériau mais bien la sonorité elle-même, chaque son qu'il prononce lors de son couplet porte un désir sombre comme un serpent noir allongé sur des feuilles de lotus
[Y2] Ivresse soudaine de Laylow qui ,dans son bolide allemand, ne sait plus, navigue à vue. Après avoir absorbé l'univers entier, son corps touche au point limite. Condamné à se laisser porter et conduire par une métisse automatiquement sûre d'elle-même pour compenser la perte des sens de son passager. C'est le souffle du dieu dans la conscience d'un homme qui rêve.
[Draxter] Après la mort des sens vient la renaissance ou la mort du cœur. Laylow a choisi la première option et entame la dernière étape de son projet. A l'écoute de ce phrasé affirmé et lent, on imagine facilement des croupes de femmes se débattant derrière des barreaux de marbre, le tout sous les yeux ennuyés de ce nouveau prêtre.
[Hi-Fi] Ce titre est une victoire pour les sensibles qui n'ont jamais eu l'agressivité nécessaire de dompter une modernité trop rapide. Je me répète mais l'aspect digital de cette musique correspond à l'artificialité que l'âme de notre époque réclame pour briller à nouveau.
[Avenue] La ville est endormie, étouffée dans une nuit profonde. Le prince est arrivé aux bornes de la vie, portant en lui tous les êtres qui ont pleuré, juré, tremblé, aimé. Ses doigts effleurent l'infini et caressent les portes d'Ivoire et de corne. C'est l'heure solennelle, l'heure où toute son expérience se condense sur un titre de trois minutes. Son âme se dilate puis déverse sur l'instrumentale tous ces moments d'inspiration sublime et de mélancoliques pensées. Ces instants de grands découragements qui pleurent encore à chaque syllabe. L'auditeur attentif écoute cette âme qui a maintenu sa jeunesse, sa naïveté, sa sensibilité d'enfant. Il écoute les plaintes de celui qui s'est blessée dans trop de luttes stériles et qui attend une caresse des muses pourtant silencieuses.
Laylow est rentré, la lyre triomphante.
Il est l'esclavage et la libération, que nos lèvres s'écrasent à baiser ses mains.