L'important ce n'est pas Lomepal mais bien la maladie fongique dont il est infecté et qu'il propage sans le savoir.
Son album contient exactement le champignon que son auditeur dévirilisé attend du rap : de l'espièglerie, de l'humour et un peu d'amour.
Les tribulations infantiles d'un skateur parisien touchent et alertent ses fans en mal de profondeur. Ils y voient la synthèse ultime qu'ils voudraient posséder en eux : la nonchalance du prince oriental couplé à l'élégance du poète apollinien.
L'auditeur de Lomepal cherche la subversion et la violence dans ce fantasme de jeune rebelle urbain et moderne mais se refuse à gratter les croûtes qui couvrent son propre corps laissant échapper pu et douleur.
Généralement, il a lu quelques livres, connaît quelques toiles et par conséquent se sent apte à dire ce que doit être le rap. Caressant ses pustules humides comme le sage sa barbe, il assène ses vérités sur la grandeur, l'origine et le but intime du rap.
Lorsque le petit blanc délicat et civilisé pénètre dans un univers qu'il ne maîtrise pas, il veut immédiatement se l'approprier, l'analyser et le contrôler.
Il veut voir les références qu'il connaît, les mondes de son imaginaire et la langue qu'il peut ciseler.
Lomepal, sans le vouloir, absorbe le rubis liquide et vital directement à la source. Cette Goule du rap et ses grouillantes vermines vont transformer cette pratique en un Kombini géant qui parle de meufs, de sandwichs et de cul sous un glacis putréfié d'ironie.