Je ne me suis pas réveillé super emballé à la première écoute de l'album. J'écoutais les paroles du coin de l'œil d'une oreille distraite. Le skateur parle de baise et de meufs… Ouai, comme tout l'entourage du gratin du rap parisien du moment.
La fin de l'album a résonné comme un goût de "retournons-y". Faut dire que Sur le sol a une atmosphère et des paroles glaçantes. Pour preuve, le refrain
Huit heures du matin, quelques cahiers dans la main, j'enjambe ma mère sur le sol
J'ai même pas l'air embêté, j'encaisse mal la vérité, j'dis des mensonges à l'école
J'suis toqué, j'suis superstitieux, je compte mes pas dans chaque lieu, une journée comme les autres
Retour à huit heures du soir, quelques cahiers même histoire, j'enjambe ma mère sur le sol.
Est-ce possible que l'album aille plus loin qu'une affaire de cul ?
Les textes sont tous plus ou moins teintés de mélancolies. Ce jeune rappeur a le spleen. Et c'est à la seconde écoute que le spleen se fait omniprésent.
Une vraie tristesse enjambe l'album d'un bout à l'autre et les meufs sont comme le whiskey et les bières, un moyen de fuir le quotidien trop gris de sa région parisienne. Ce gosse invente sa vie de peur de ne pas être spécial. Et pour nous en persuader Lomepal chante autant qu'il rappe. Il chante bien le bougre, aussi bien qu'il rappe
On dire qu'il sait s'entourer. Et sans aucun membre de l'entourage, ce qui semble un exploit en ses temps où les comparses de Nekfeu font la pluie et le beau temps chez les jeunes rappeurs blancs petits bourgeois. L'apparition de Superpoze qui fait un peu partie de l'entourage de l'entourage sur trois titres donne des accents électro à l'ensemble comme un ride tranquille sur une pente douce en skate. Stwo est aussi de la partie conférant à ses productions une ambiance très hip hop et actuel. Même si Stwo s'est illustré aux côtés de Nekfeu, ce beatmaker français est internationalement reconnu pour sa participation aux albums de Drake et est complice de l'homme pâle depuis sa majesté.
Dans les bonnes choses, il y a ce featurings de 2Fingz sur Lucy. Les paroles ne sont pas géniales mais le style des deux bonhommes est soufflant. Lomepal, lui-même le tweet : " Rapologiquement @2fingz ont craché le meilleur couplet de l'album.." Et il n'a pas tort, le bougre.
Alors il faudra se faire aux voix transformées par le voxcoder, c'est la tendance, on n'y peut rien, il faut faire avec jusqu'à ce que la mode passe.
Il faudra passer sur l'apparente facilité des paroles qui semblent ne rien dire. Mais ce n'est juste qu'une apparence, certains titres, certains thèmes sont beaucoup plus profond qu'il n'y parait. Et parfois très sombres
Et si on arrive à se faire à ça et si on arrive à se laisser aller comme le titre Danse nous enjoint, il faut bien dire que l'album s'écoute avec un plaisir mélancolique, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Dans les titres qui m'ont kiffer, je peux citer Sur le sol, Bécane franchement bonne dans le genre nostalgique et mélancolique, Ça compte pas qui par sa lecture des soirées alcoolisés fait froid dans le dos, Ray Liotta au titre plus qu'improbable et Avion qui laisse un goût de suicide au creux du cœur.
PS : Il faudrait que je fasse une critique des albums de l'entourage pour vraiment dire du mal de la vacuité de leurs propos