Hello re-animator
D'Everything Everything, je n'avais écouté que l'album ARC. L'album était pas mal (j'adore le titre Cough Cough) par contre c'est très personnel mais la voix de tête dans ce groupe ça ne marche pas à...
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le 26 oct. 2020
Parmi les produits culturels qui seront invariablement marqués par la crise du Covid, la musique, meurtrie, finit même par l'intégrer à son ADN. Les lives s'exportent sur internet en formule payante (et questionnent grandement l’intérêt de l'entreprise), l'économie est totalement repensé, on fait appel à la générosité des fans, on les sollicite via du contenu inédit jusqu'alors et les clips et albums sortent dans des versions surprises, souvent en DIY et même parfois un peu sous produits.
Reste la question des albums qui eux devaient sortir courant 2020, comment décemment sortir un produit qui ne vivra alors que par le streaming et de maigres ventes physiques ? Question d'autant plus cruciale pour le rock, un genre vieillissant qui vivait essentiellement du live.
Avril 2020, après quelques teasings de photos en studio sur les réseaux sociaux, Everything Everything fait table rase de tout son contenu sur Instagram et poste de mystérieux visuels 3D pour sortir finalement le 23 avril In Birdsong, morceau dense, éthéré et paradoxalement très organique.
Pour un groupe d'Art Rock qui était habitué aux sons connotés pop catchy, la formule désarçonne mais finit par plaire. Et surtout un clip presque fractale, dans une 3D psychédélique et rugueuse. Mouvements de caméra nauséeux comme si nous étions en pleine projection astrale pour finir sur un plan du quatuor dans le désert avec leur nouvelles tenues de scènes, composante qui leur est indissociables depuis maintenant plus de 10 ans.
Re-Animator est annoncé très vite dans la foulée pour le mois d'Août et Jonathan Higgs avoue à demi mot que In Birdsong qui est tout sauf un single a finalement été choisi comme premier morceau car son message sur l'humanité et son berceau semblait approprié au vu de la situation.
Tout n'est que contexte et si Jon a puisé dans le spiritisme, la théologie et plein d'autres courants de pensée pour tout l'album, In Birdsong en est le plus inspiré et délivre un semblant de message d'espoir (I look into the Godmouth / The energy /The energy in us /There’s something in the white matter).
Il faut avouer qu'à ce moment là j'étais totalement sous le charme d'un parti pris graphique osé (le groupe a beau être dans une logique pop où il s'affiche beaucoup sur les visuels, le faire via une 3D déstructurée uniquement est osée) et d'une orientation musicale qui privilégie certes plus les instruments électroniques, les nappes et les arpegiators mais qui n'en reste pas moins inintéressante.
Quatres autres singles suivront, eux bien plus taillés pour les radios et la scène.
Arch Enemy, grande métaphore sur le fatberg à coup de paroles cryptiques et au cliff de guitare de fin imprévisible.
Planets, romance spatiale à la M83 et au riff bien senti.
Violent Sun, au beat infatigable sur fond d'optimiste sans vergogne.
Et enfin Big Climb, surement l'un des morceaux les plus Everything Everything, tant dans les mélodies que le texte très orienté humanisme, toujours, et changement climatiques.
J'ai personnellement mis plus de temps à m'habituer à chaque nouvelle sortie, la réécoute aidant tant les changements de style à chaque fois décontenancent. Sans que cela ne soit à critiquer à propos de l'album dont il est questions mais les clips se sont mis à partir dans tout les sens, oscillants entre vulgaires incrustations, peluches de singes et runnings avec go pro. La qualité vacillante est un pur exemple des transformations que subie le monde de la musique actuellement et l'on voit bien avec Big Climb, sorti le même jour que le disque et donc après tout le confinement, que les moyens sont revenus et que sans que l'originalité soit là, la production est déjà plus honorable qu'auparavant.
C'est dommage car le frontman Jonathan est à la réalisation de chaque vidéo et même si en interview le batteur Michael Spearman confessera que le groupe a un moment était à court d'idée, on ne peut que reconnaître l'inventivité foisonnante du chanteur compositeur qu'on retrouve tout aussi bien dans les chansons. Car la vraie surprise vient à l'écoute du reste de la galette, on avait été teasé lors d'articles de previews mais l'influence de Radiohead est là, aussi bien sur la seconde moitié de Lost Powers, que dans les down tempo de I**t Was Monstering** ou Lord Of The Trapdoor. La batterie étouffé, les guitares généreuses et le chant langoureux, l'ombre de Tom Yorke transpire de partout. On pourrait aussi bien argué que le passage du bassiste Jeremy Pritchard dans les tournées de Foals a aussi eu son petit effet.
Et puisque je les ai presque tous cité, un petit mot sur le guitariste Alex Robertshaw qui signe parmi ses plus belles mélodies, notamment celle complètement déstructurée de Planets.
Les quatres anglais se font plaisir, prennent leur temps et renieraient presque leur côté pop qui a pourtant bien contribué à leur succès sur la scène indé. Moins de refrains entêtants et des morceaux qui si ils semblent anodins voir ennuyants de premiers abords ne se révèlent qu'à force d'explorations sinueuses.
Il est clair qu'avoir eu comme seul matériel d'écoute In Birdsong pendant plusieurs semaines a pu influencer en mal mon approche du reste d'un album qui n'est pas mauvais mais ouvre d'autre voix, se veut moins épique et grandiloquent et peut-être finalement pas si ambitieux qu'on aurait pu croire au début. On est face à des maintenant presque quarantenaires qui s'assagissent, comment déjà à se poser face à une très belle discographie qui a déjà beaucoup tenté de chemins différents. Higgs a trouvé son registre vocal et en sort très peu, ses envolées lyriques toujours aussi magistrales ne surprennent plus, relevant alors presque du gimmick qui peut alors agacer au fur et à mesure qu'on avance sur l'opus.
Il reste cette sensation qu'au vu des thématiques, du genre musical et de tout ce qu'on a pu voir et entendre sur le cd, Re-Animator dans sa formule reste diablement trop formaté, ne se permettant aucun long morceau, interludes ou quelconque artifice pourtant bienvenu. Il ne faut pas bouder son plaisir mais juste apprendre à être exigent avec ce qui reste un des meilleurs et trop peu connus groupe de la scène indie actuelle. Proche de ses fans qui sont forcement conquis d'avance, Everything Everything ne sort que trop peu de sa zone de confort et sans égaler la performance d'A Fever Dream. A l'image se sa pochette douteuse (reprenant le fameux 3D mais de quelle manière) et d'un premier live online tout sauf mémorable (le mix de la batterie bordeeeeeeel), Re-Animator témoigne d'un âge sombre de la musique, où les sorties vont s'enchaîner et ne devront donc pas se reposer sur leur lauriers pour se démarquer de la concurrence et rester mémorable sur la durée. Privés de live et de vrais contacts avec le public, les groupes doivent alors redoubler d'inventivité sur les productions musicales, visuelles et vidéos. Et dans un genre comme l'art rock où le concept prime sur l'art, rien ne se jette tout se réanime.
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Créée
le 14 sept. 2020
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