Après tout ce temps, Plaid est toujours là et ça fait du bien.
Deux décennies après sa création officielle en 1991 sur le label Warp, ses premiers EP et son premier disque, directement un coup de maître, en 1997 (le fabuleux « Not for three »), le groupe de Andy Turner et Ed Handley (ex de chez The black dog) poursuit vaillamment sa route, entre créations, recréations et mutations.
On avait un peu perdu de vue le duo de musique électronique, l'un des plus inventifs et touchants de la fin des années 90, début 2000 après une flopée d'albums dont certains devinrent cultes dans le milieu de l'IDM (Intelligent Dance Music comme le mouvement initié par le label anglais Warp fut nommé alors par la critique musicale : de la musique électronique avec une âme et pouvant aussi bien faire bouger les têtes que les mains comme passionner directement depuis un canapé) et une complexification accrue de leur musique dès 2003 avec « Spokes », au risque de les perdre, eux, avec leur âme d'enfant et leur mélodies qui ne voulaient pas grandir.
Petite métaphore car en fait la force de Plaid, ce sont justement ces mélodies qui « grandissent en nous », au fil du temps, des écoutes et réécoutes. La musique du duo, si simple et facile d'accès en apparence ne se laisse en fait pas si facilement apprivoiser. Et c'est comme après avoir goûté à leur délicieux nectar qu'on y revient régulièrement, addicts et intrigués, redécouvrant sans cesse de nouvelles choses où nos oreilles, ébahies, viennent butiner.
Et donc, les gars de chez Plaid sont toujours là et c'est bien.
Avec "Reachy Prints" en 2014, ils sont revenu à ce qu'ils faisaient de mieux, probablement encouragés par toutes les bandes originales et participations de la décennie 2000 (3 B.Os au compteur dont celle du film d'animation "Amer Beton" par exemple) qui les a ramené à la concision sans délaisser toutefois leur besoin de renouvellement aperçu ici et là sur « Spokes » et autres « Greedy Baby » et « Scintilli ». Même que quand on commence à connaître leur parcours, « Reachy Prints » sonne presque comme un pied dans le passé (leurs premiers travaux, plus techno voire abrasifs semblent par moments évoqués) et un autre dans le futur.
Au commencement, le son d'une douce autoharpe et même un peu de mandoline maniées de mains de maître par Benet Walsh (un habitué de l'aventure Plaid puisqu'il collabore régulièrement avec le duo depuis les débuts) dans le titre d'ouverture, "OH" annonce qu'on est entre de bonnes mains. Le reste du parcours présentant des morceaux tour à tour planants et tortueux (sans jamais vraiment perdre l'auditeur) avec de douces pincées électronique dont ils ont le secret confirment cette impression. L'électro répétitive de « Slam » qui semble faire du surplace alors que certaines notes sont ajoutées, d'autres retirées et d'étranges chœurs synthétiques qui planent dans les recoins. « Matin lunaire » (bigre, un titre en français chez les britons) avec son groove joyeux décalé. Les nappes exotiques de « Hawkmoth » qui construisent une mélodie en progression...
Une nouvelle belle aventure suspendue entre moments contemplatifs et espaces magiques qui sonne à nouveau comme une récompense pour le mélomane happé qui a écouté et réécouté maintes fois la galette... Et s'achever comme à leur habitude avec une dernière piste sublime, "Liverpool St".
Finalement, Plaid est toujours là et ça fait sacrément du bien.