Real Gone : quand Waits persiste et signe.

Tom Waits a probablement commis parmi les plus belles pages de la littérature chantée anglo-saxonne. Bien qu'il ait contribué à défricher les terres de ce que l'on pourrait qualifier de 'rock expérimental', son champ créatif aborde d'autres genres musicaux. Il a maltraité le blues avec délectation, électrifié le folk avec modération, allant même jusqu'à doper le tango aux amphétamines maison ! Mais toute tentative de rapprochement avec d'autres songwriters plus ou moins connus serait irrémédiablement vouée à l'échec.
'Real Gone' est sorti en 2004. Waits y campe ses personnages favoris, fantasques et torturés,victimes des passions humaines dévorantes, des affres de la guerre et nostalgiques jusqu'au désespoir.
La signature sonore est parfois métallique et brute de décoffrage, comme tout droit sortie d'une improbable fonderie des enfers ('Hoist that Rag'). Dans 'Circus', elle est auréolée d'une teinte sepia plongeant l'auditeur au sein d'une fête foraine fantastique. 'Green Grass' joue la carte du minimalisme instrumental (basse, guitare, voix) faisant écho à la tristesse des sentiments évoqués.
Où voyage en absurdie et poésie crépusculaire malmenées par un timbre guttural se rejoignent pour célébrer, au final, un des plus vibrant ode à la vie.