Reality
6.4
Reality

Album de David Bowie (2003)

Un goût de fin avant les derniers chapitres.

Ressenti publié dans le cadre de mon classement intégral de la discographie de David Bowie, composée de 26 albums studio.

Numéro 15 : Reality

Nous sommes en 2003, un an après le succès critique et commercial qu'aura été Heathen et Bowie sort un nouvel album, le vingt-quatrième de sa carrière, se nommant Reality. Deux albums de l'artiste anglais à un an d'intervalle était devenue une chose bien rare et à laquelle le public n'était plus vraiment habitué. Nous sommes dans une période où l'artiste, réconcilié avec Visconti depuis Heathen, se sent bien et décide d'enchaîner sur sa lancée, entouré des musiciens avec lesquels il partira en tournée. Le Reality Tour sera la plus grande et dernière tournée de l'artiste, malheureusement écourtée pour problèmes cardiaques. Dans cet album plus brut que le précédent avec un rock plus direct, Bowie continue notamment de traiter du temps qui passe, Reality parfois teinté d'une certaine morosité. Comme pour Heathen, l'album sera bien reçu et sera estimé par la critique.


L'album commence de manière rythmée avec "New Killer Star", pas des plus marquants mais efficace. Le titre est suivi par l'une des deux reprises de l'album, la chanson "Pablo Picasso", provenant originellement du groupe The Modern Lovers. Si la reprise est intéressante car bien différente de la version d'origine, de par un rythme bien plus élevé et une tonalité plus rock, je ne suis pas vraiment séduit par le rendu final. Au contraire du prochain morceau, "Never Get Old", dans la continuité du titre d'ouverture. Un titre pop rock ensoleillé, qui donne ce qui faut d'énergie sans être dans l'excès. Ce titre laisse ensuite place à un autre qui est pour le coup bien plus lancinant, "The Loneliest Guy", une douce errance musicale. Les deux morceaux constituent chacune une belle réussite, ce qui n'est pas nécessairement le cas de la chanson suivante, "Looking For Water", sympathique mais moins inspiré. Si "She'll Drive the Big Car" est un titre fidèle à la couleur musicale l'album, il n'est pas franchement notable, bien qu'il s'écoute très bien. La moitié de l'album, solide, est écoulée et le meilleur n'est pas encore venu. Le très beau "Days" fait son effet, une ballade avec ces mêmes sonorités pop-rock en second plan, accompagnant la voix ici si joliment fluette de Bowie. Un morceau qui me fait aimer cette pochette d'album que j'ai toujours trouvé assez moche. Ce Bowie animé est très enfantin mais l'album, et ce morceau particulier, me renvoie à un doux sentiment de nostalgie, retournant de manière sensorielle et indirecte en enfance. La deuxième partie d'album continue avec le très bon "Fall Dog Bombs The Moon", plus rock que le titre précédent mais toujours avec un arrière goût un peu morose, cette fois Bowie reprends une voix plus grave qui colle parfaitement à la tonalité du morceau, dont le refrain me fait parfois penser au refrain de Ashes To Ashes. Le temps fort ne s'arrête pas là puisque nous avons ensuite droit à la superbe reprise "Try Some, Buy Some" de George Harrison, faite par un Bowie très respectueux du materiaux d'origine, mais si bon dans sa manière de s'accaparer vocalement cette merveilleuse mélodie sortie de la tête du si génial natif de Liverpool, décédé deux ans auparavant. Le morceau éponyme est, dans un degré moindre, un aussi bon moment de l'album. Les percussions effrénées rappelant Earthling sans les sonorités électroniques, l'album ne se démarque pas pour autant de ce qu'est Reality, bien qu'il est clairement le plus énergique des morceaux présents sur l'album. Le projet se conclue avec le long et singulier "Bring Me The Disco King". Longue ballade jazzy, concluant l'album de bien jolie manière, avec cette mélancolie toujours présente et ici plus assumée. Ce titre était le dernier de la discographie de David Bowie, avant la sortie de The Next Day, il aura fallu attendre dix ans d'attente.


Reality est un album véritablement appréciable et l'un des plus injustement oubliés de la discographie de l'artiste protéiforme anglais. Il s'inscrit dans une période de la carrière de Bowie, de Hours à The Next Day, qui est très agréable car assez simple et sincère dans son approche, sans prétention. De ce pan de la carrière du chanteur, l'album est pour moi le plus cohérent et celui avec le plus de temps forts, bien que Heathen lui soit plutôt égal. Je vais plutôt dire que Reality me parle et me touche plus. Cet album me ramène à des souvenirs, des sensations ressenties enfant. Pourtant, je ne connaissais absolument pas l'album durant cette tranche de vie, peut-être que je ne connaissais même pas David Bowie tout court. Disons que Reality est un album rock mais aussi de variétés en quelque sorte, peut-être que c'est de là que viennent ces sensations, moi qui écoutait beaucoup de ce genre de musique à travers les goûts de ma famille, étant le petit dernier. Un album à écouter en plein soleil pour débuter sa journée. Reality est un album de quotidien et dans la carrière de David Bowie, ce n'est pas si commun.. c'est ce qui en fait aussi la beauté de ce disque.


nassim-starless
7
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Créée

le 20 févr. 2023

Modifiée

le 20 févr. 2023

Critique lue 55 fois

2 j'aime

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