Des drifts et des orgasmes
Lone, c'est cet artiste anglais à l'humilité étonnante, qui pond tueries sur tueries depuis maintenant six ans. Durant ces six années, le mec n'a rien sorti qui soit à jeter, toutes ses prods vont du magique à l'orgasmique (Raptured et Endlessly me font littéralement crever devant tant dé génie), c'est le genre de morceau qui te donne envie d'écouter le son à une qualité maximale pour savourer la moindre note. Il y a deux ans sortait "Galaxy Garden", un album qui marque par son univers froid mais terriblement chaleureux de par son côté diablement dansant. Le disque tranchait avec le reste de la discographie de Lone, car plus assumé rave qu'à l'accoutumée, il était de ce fait intéressant de voir où l'artiste allait aller avec ce nouvel opus.
Bien que connaissant déjà quelques tracks sorties en teasing, c'est sur cette fébrilité que j'ai entamé l'album, en ne sachant pas à quoi m'attendre, avec une légère peur d'être "déçu" que tout le monde a eu en démarrant l'album d'un artiste qui lui est cher.
Les choses commencent en douceur avec une intro en deux parties qui nous installe dans cet univers plus urbain et moins spatial que dans Galaxy Garden. La track "Restless City" se dévoile dans nos oreilles, aussi excellente soit-elle, le niveau d'excitation fait que l'on finit par trouver ces 4min37 assez longues... phénomène qui aurait pu s'arrêter au niveau de la première écoute, si la track qui suivait n'était pas complètement barge.
"Meeker Warm Energy" couche n'importe qui, il me semble impossible de ne pas aimer cette track tant elle est divine. Dès les premières notes, on tombe dans un truc à mi-chemin entre du Flying Lotus et du Samiyam d'un côté, et du J Dilla de l'autre, c'est violent. Cette petite touche hip-hop avait déjà été perçue dans "2 Is 8" en teasing et se confirme ici, c'est léger (on est pas dans un abstract hip-hop bien assumé), mais parfaitement dosé. "Aurora Northern Quarter" replonge ensuite dans une atmosphère dance qui, sûrement à cause de mon abus de jeux de voitures japonais, me donne envie de drifter sur le périph' tokyoïte. "2 Is 8" quant à elle replonge dans cet esprit hip-hop mais est une cassure dans l'harmonie de l'album, elle n'aurait cependant pu être casée nulle part ailleurs. Plus on s'enfonce alors dans l'album, plus on plonge dans une sorte d'univers intemporel qui mélange des influences de partout, on sent que Lone est allé puiser ses ressources sonores des années 90 jusqu'au coeur des années 2000.
Il n'y a AUCUN temps mort, chaque track a son empreinte et en cinq écoutes maximum on les reconnait clairement. On est jeté d'univers en univers mais jamais brutalement (sauf avec "2 Is 8"), c'est un long rêve. J'ai personnellement eu du mal avec "Vengeance Video" qui est en dessous du reste, ce qui ne s'arrange pas avec la longueur du morceau (5min19), mais le tout est ensuite très proprement conclu avec le très beau morceau qu'est Cutched Under.
Au final, "Reality Testing" est le premier album qui me remue réellement depuis le début de 2014, voir même plus, et ça fait du bien. C'est un album qui se doit d'être écouté avec la plus profonde attention, il ne faut rien faire en l'écoutant (sauf aller drifter) pour pleinement l'apprécier. Le côté vicieux, c'est que bien que l'album soit sorti depuis une semaine, j'en veux déjà plus, vivement le prochain EP.