Rebel Yell
7.1
Rebel Yell

Album de Billy Idol (1983)

L’indocilité comme tremplin aux charts

Le punk anglais de Generation X, parfaitement calé dans la fin des années 70, s'essouffle paisiblement et en même temps que naît la décennie suivante. Le groupe se réclame d'un mouvement de fans des Sex Pistols : les Bromley Contingent. Des jeunes fréquentant les clubs undergrounds de Londres, habillés sous l'influence de Bowie, du glam, et par Vivienne Westwood.

Son chanteur peroxydé, Billy Idol, décide de se lancer dans une carrière en solo, après l'échec de leur troisième album. Viendra alors une délocalisation en Amérique*, où celui-ci y retrouvera ce qu'il avait un peu perdu dans son enfance, puisqu'il y a vécu plusieurs années : les grosses bagnoles, la démesure de l'urbanisme local, et bien sûr sa musique.

Puis la machine se lance, et les premiers tubes aussi, sous une empreinte plus hard-rock et new wave, et avec une musique renouvelée. Dancing With Myself, Hot In The City, White Wedding (Part 1) (issus du premier EP et premier album de l'artiste), sont l'apéritif de ce que sera le succès commercial rencontré avec Rebel Yell, qui finira par être un véritable petit carton, avec plus de 2 millions de ventes aux USA. Il deviendra alors une clé pour la compréhension du rock des années 80, accueilli positivement par la presse musicale. Bien que son exposition soit plus modérée en France, il permettra quand même au guitariste Steve Stevens de lancer sa notoriété, ce qui aura pour effet de le propulser auprès d'autres artistes plus tard. Il collaborera entre autres avec Michael Jackson, ou pour la soundtrack de Top Gun.

Le single-titre Rebel Yell est une impressionnante démonstration de force, avec des éléments que l'on va retrouver régulièrement sur le reste de l'album : rythmes de batterie effreinés, lignes de synthés entêtantes, riffs de guitares dans tous les sens, et un refrain hurlé explosif. Ce titre est le parfait exemple de ce qui va le mieux à Billy Idol : une séquence où il se met en rage, et où l'on sent qu'on embarque dans un moment de folie pure, dont la tension ne chute à aucun moment. Une recette que ce titre applique à la perfection, ce qui en fera son plus gros succès à la fin de l'année 1983 sur les pays anglophones.

Le second single, Eyes Without A Face, est certainement celui qu'on connaît le mieux de notre côté de l'Atlantique. Est-ce dû à l'intervention féminine (Perri Lister, ancienne compagne du chanteur) interposant des "deees yeeeeux saaans visaaage" de manière éthérée entre les lignes de Billy sur le refrain ? A mon grand désarroi, il se trouve être un morceau au tempo plus moderé, bien que tubesque quand même.

Mon deuxième titre préféré de l'album sera sans conteste Flesh For Fantasy, qui en sera aussi le troisième single. Inspiré du film de 1943 Flesh And Fantasy, sa basse et sa guitare parsemée dans tous les sens produisent ce que les années 80 ont de plus délicieux pour les fans du genre, sans compter la voix grave posée sur le refrain. Une ambiance un peu dark et froide perdure.

Viendront ensuite d'autres titres incroyables, qui forgeront l'énergie de l'album, comme Blue Highway, (Do Not) Stand In The Shadows, Catch My Fall (lui aussi proposé en single) ou Crank Call. Et en vérité, tous les titres se valent, mais je ne nierais pas que les singles ont été très bien choisis quand même.

Alors c'est vrai : objectivement, ça restera toujours moins punk que ses travaux des années 70. Mais l'identité du personnage et son envie de tout casser restent le leitmotive de ce qui caractérise ses albums, même si les plus puristes lui reprocheront de s'être vendu. Est-ce qu'on peut reprocher à un artiste punk de vouloir percer ? Franchement, si ça permet à un rockeur comme Idol de se trouver et de poursuivre une carrière, longue aujourd'hui de bientôt 45 ans, alors oui merci : absolument.

* : à noter que le producteur de Generation XKeith Forsey reste le même, bien que l'équipe autour de lui est bel est bien plus locale.

Madrange-deluxe
8
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le 21 avr. 2023

Critique lue 16 fois

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