Ce cinquième album montrant la ville de Sydney dans une vision apocalyptique aurait pu autant impacter que Diesel And Dust chez nous. Il n'en fut rien, mais qui sait si le morceau très rock et cuivré "Best Of Both World" avait figuré dans la bande son du générique du film "Mad Max III". C'est ce qui faillit arriver avant le choix de la chanson de Tina Turner, "We Don't Need Another Hero".
Une fois de plus, ça ne rigole pas. Enfin si, caustiquement sur l'éloquent et dansant "When The Generals Talk". La batterie de Rob Hirst sonne encore plus synthétique que dans le précédent album, mais les frappes s'affirment avec une conviction énergique. Plus loin, on remarque que les guitares acoustiques ont bien leur place et font de "Sleep" et "Minutes To Midnight" deux titres qui s'enchaînent à merveille. Midnight Oil trempe toujours dans de l'expérimentation à l'exemple des morceaux progressifs et puissants tels que "Jimmy Sharman's Boxer" et "Shipyard Of New-Zealand". La présence de Charlie MacMahon, qui accompagnera le groupe dans la tournée dans le bush australien en 1986, apporte une touche profonde avec son didjeridoo dans le très rythmique "Helps Me Helps You" après le mont "Kosciusko" arpenté avec élan. Ensuite, les chapes de synthés de "Harrisburg" ravivent gravement l'inquiétude autour du nucléaire en faisant allusion à l'incident de 1979 dans une centrale située en Pennsylvanie, bien avant Tchernobyl et encore bien avant Fukushima. Ce titre pourrait servir de bande son de fin du monde.
Sorti la même année que The Unforgettable Fire de U2, Red Sails In The Sunset est ce qu'on pourrait appeler comme le disque le plus sombre que Peter Garrett et ses potes aient pu composer. Et c'est un disque qui dégage toujours de la puissance malgré sa sonorité (un peu) datée.