L'album de Hannah Diamond est une ode à la pop ringarde, au romantisme désinvolte, déshumanisé et n'obéit à aucun système d'ambition de masse mais s'adresse à des individus uniques. Ce n'est pas une musique qui s'écoute, à priori, en communauté, car elle est froide et distancée, mais une musique qui s'apprécie dans l'intimité de la solitude, elle se fait reflet d'une génération isolée par les écrans et les réseaux, et répond à cette solitude en invoquant une nouvelle forme d'amour désuet, inaccessible. C'est aussi une musique qui se fait reflet d'elle même, d'une PC Music épuisée, qui peine à se renouveler, qui n'évolue qu'en se caricaturant elle-même, en citant des sonorités qu'on lui attribue déjà (les nappes de synthétiseurs, les pianos répétitifs, le sound-design minimaliste, la voix qui ne circule qu'à travers des automations d'autotune). La production d'AG Cook répond aux normes d'hier, comme pour se souvenir et rendre hommage au début du mouvement, avant que Charli XCX n'arrive et emporte le mouvement dans une nouvelle dynamique. La rythmique se désagrège, l'exemple le plus probant étant Concrete Angel, morceau qui n'obéit plus à aucune règle rythmique, mais à sa logique propre. Enfin, il n'y a pas d'émotion, d'emportement lyrique, mais une impression de douceur inhabituelle, un geste de tendresse automatique, qui plaira aux adeptes de la PC Music, puisque c'est ce qu'ils recherchent, et qui déplaira à ces détracteurs, qui lui reproche déjà cette tendance hermétique, glaçante.