"Ah, Marshall, you're so funny man, you should be a comedian, god damn !"
Certainement l'album d'Eminem le plus sous estimé de sa discographie, injustement descendu par les critiques de l'époque ( expliquant en partie le virement artistique opéré sur Recovery ),
Musicalement, Dre parvient a nous plonger dans une ambiance unique, glauque et saisissante à la fois, grâce à des productions certes simpliste sous certains aspects, mais néanmoins envoûtante et épurée, de ce point de vue là, Relapse est certainement l'album le mieux produit de la discographie du blondinet de Détroit.
A l'image de l'album précédant Relapse, c'est à dire Encore, l'alter égo d'Eminem tient une place importante dans l'album, et c'est surement là que la confusion à l'écoute de Relapse peut s'opérer, dans Encore, le personnage de Slim Shady devient répétitif et lourd, virant même à l'auto caricature, signe évident de l'état de fatigue dans lequel Eminem devait être, se bourrant de médocs H24.
Dans Relapse, le personnage de Slim Shady, à travers le thème du serial killer si chère à l'Amérique, s'y retrouve exagéré jusqu'a l'extrême, expliquant ainsi la présence si déroutante d'un accent omniprésent sur les premières tracks du disque, ainsi que le coté "trash" des thèmes abordés dans ces chansons ( "Insane", "Stay Wide Awake" ou "Same Song and Dance" sont déconseillées aux âmes sensibles ), accent s'estompant au fur et à mesure que l'on avance dans l'écoute de l'album, signe qu'Eminem "reprend le contrôle"
La présence des interludes nous permettent finalement de comprendre, de manière quasi cinématographique, l'état dans lequel Eminem se trouve progressivement, l'état "drogué jusqu'a l'os" des premières tracks symbolisant un Slim Shady exacerbé dans son rôle de fils ingrat ou rancunier ("My Mom"), enfant perturbé à la limite de l'autisme ( "Insane" ), psychopathe s'échappant d'un asile ( "3 A.M" ), cynique ( "We made You" ) ou violeur ( "Stay Wide Awake", "Same Song and Dance" ), la sobriété le gagnant de plus en plus vers la fin de l'album ( "Déjà Vu" ), le point d'orgue étant le sublime "Beautiful" ou la boucle est finalement bouclé
"Ah, Marshall, you're so funny man, you should be a comedian, god damn
Unfortunately I am, but I just hide behind the tears of a clown"
En pleine maîtrise de ces moyens, Eminem avoue clairement, qu'au final Slim Shady n'incarne qu'une façade, représentation burlesque d'un mal être profond. Mal être atteignant son paroxysme lors de la perte de Proof ( R.I.P ) quelques années plus tôt, a qui Relapse est finalement dédié ( cf livret ).
L'album finit en apothéose sur "Underground", morceau égotrip rappelant la fureur d'un "Till I collapse" ou d'un "Lose Yourself" ( sans les atteindre néanmoins qualitativement ), prouvant que le Mc "se cachant derrière les larmes d'un clown" était de retour.