Renard
6.3
Renard

Album de Guizmo (2018)

Amicalement vôtre était l’album « de la maturité » (quelle expression de merde). Album sans aucun feat, sombre et très personnel dans l’ensemble, il a ouvert Guizmo à un public bien plus étendu que sa fanbase classique. Avec des samples comme celui de « Dirty Diana » de MJ avec la chanson « Pardon », des sons plus festifs (« K-2000 » ou « J’sais qu’t’as mal ! ») et des titres novateurs dans leur forme (« Escort girl »), il avait prouvé une fois de plus qu’il était un rappeur de texte et de flow (ce dont personne ne doutait).


Avec Renard, il étend son travail à d’autres artistes, pour le meilleur et le pire. Si le duo avec Seth Gueko est impeccable du début à la fin (texte, instru, équilibre, clip, tout est génial), celui avec Bigflo & Oli pâtit de… Bigflo & Oli. J’veux dire, j’ai rien contre eux, j’aime (beaucoup même) certains de leurs titres. Mais le thème de « Pas du même monde » fait de Guizmo un espèce de repenti coupable. Il n’a pas besoin d’eux pour le faire, il se repent déjà à travers la plupart de ses morceaux. La seule chose que ça produit, c’est une dénaturation de son identité musicale. Mais on comprend l’idée : la diversification créative peut aller dans le sens de l’ouverture de son public, amorcée par Amicalement vôtre. Le titre n’est pas mauvais dans l’absolu et le couplet de Guizmo est sympa. Mais ça tranche trop avec ce qu’on a l’habitude d’entendre de sa part, et pas dans le bon sens. Sérieux, est-ce que c’est crédible d’entendre Bigflo et Oli faire la morale à un Renard comme Guizmo ? D’autant qu’il répète souvent, dans ses interviews, qu’il n’écoute que peu (pas en fait) les gens en matière de création. Bref.


Au-delà de ce petit écart, l’album est globalement très solide, il prouve à nouveau qu’il est un artiste très complet, avec des sons comme « Guizbourg », « Homme de main » ou « Papillon » (entre autres évidemment). Il nous fait naviguer d’un univers à l’autre et les thématiques sont suffisamment variées pour ne pas s’ennuyer après les ténèbres (dominantes) du précédent. Encore un hommage à MJ, on commence à s’y habituer. Ce qui est vraiment fort, c’est qu’en dépit d’une apparente absence de cohérence et d’un pot-pourri d’influences, on reste rivetés à des thèmes qui lui sont chers et qui ressurgissent sans arrêt : famille, galère, rédemption (et tout ce qui va avec). On n’est jamais perdu, mais on est surpris. Et ça c’est costaud.


Et puis le « YooneaWillyWillyYooneaBusiness-OuzouGuizi-CoucouSissi » fait toujours son petit effet, en véritable stimulus pavlovien. Rien que pour ça on adore découvrir chaque nouvel album de Guizmo.

Menqet
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le 21 juil. 2018

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