Le cadre du Hussard sur le toit est magnifique. La nature (thème si cher à Giono, certainement l'un des principaux de son œuvre) est belle et terrible, indifférente au sort de l'espèce humaine qui succombe de sa peur et de sa bêtise. Les caméras savent capter le caractère sauvage de la Provence et les personnages s'y insèrent très bien. Certains plans sont très marquant, comme celui dans lequel Angelo et Pauline sont dans un couloir en véranda, filmé depuis l'extérieur.
Le casting n'est pas lui non plus pour déplaire : deux acteurs principaux inspirés (en particulier Olivier Martinez qui incarne un personnage surhumain avec brio), un François Cluzet en super Médecin de campagne (mdr), un Depardieu au-dessus comme toujours et un Jean Yanne hilarant. Seul Pierre Arditi nous livre une performance en demi-teinte. La succession des personnages nous aide à mieux digérer des passages qui auraient pu s'avérer longs en l'absence de caractères aussi bien dessinés.
Les voix off constituent l'un des points forts de la trame narrative, donnant un rythme spécial (par le biais de la correspondance en particulier) au récit qui ne s'en porte que mieux. L'humour contribue également à donner un ton particulier à cette adaptation, rehaussé par la distance de personnalité entre Angelo et Pauline, Angelo et le reste du monde en fait.
Et Angelo alors : ange ou démon ? Ange certainement, c'est en tous cas l'idée que Giono en avait. Mais on ne peut s'empêcher de se dire qu'Angelo ne fait pas que passer au travers de la maladie : on a l'impression qu'il sème la mort sur son chemin. Et seul Eros a l'air d'être capable de venir à bout de Thanatos, quand Pauline manque de passer l'arme à gauche. Angelo est en tous cas une entité supérieure, sautant de toit en toit quand la maladie décime les chaumières, chevauchant dans les montagnes quand la vallée est ravagée et abandonnée à la bassesse humaine. Sa cause est plus importante, son heure n'est pas venue. Par bien des aspects (son innocence, sa vertu, etc.) il rappelle Fabrice del Dongo, personnage principal de La Chartreuse de Parme.
Le Hussard sur le toit est donc un film de grande qualité à tous points de vue, qui a le mérite de nous faire réfléchir un peu et contempler beaucoup. Avec ses 20 ans passés, il n'a pas pris une ride, et c'est une œuvre digne d'un regain d'intérêt.