Renaud, c’est un chanteur d’une importance capitale pour moi. Avant de parler de son dernier opus, je prends la mesure de l’ampleur qu’aurait le paragraphe introductif au sujet de son impact sur ma culture musicale et mon enfance. Plutôt que de trop m’étendre sur la question, je crois qu’il faudrait que je fasse une critique sur sa carrière passée.
Quelle tristesse, les aminches, comme il dirait.
Bien sûr que quiconque ayant aimé le bonhomme pouvait se réjouir de le voir ressortir un peu la tête de l’eau. Mais le single Toujours debout, promo éhontée en direction des fidèles et autres, met particulièrement mal à l’aise : surfer sur son actu pathétique pour en faire une soit disant renaissance, c’est d’autant plus lamentable qu’il nous avait déjà fait le coup il y a 14 ans… Que le gars veuille nous chanter sa vie, on peut le comprendre. Petit bonhomme et Ta Batterie sont assez médiocres, mais respirent une certaine sincérité, tout comme La vie est moche, ou même La nuit en taule, incursions insipides dans la psyché tourmentée du Renard.
Mais tout cela manque tellement d’humour, de traits incisifs, c’est d’une telle platitude éculée (Dylan, déjà écrite 100 fois, Mon anniv’, râlerie du pillier de PMU qui n’intéresse personne) qu’on a beau se montrer tolérant avec la forme, on s’ennuie ferme avec le fond.
Renaud prépare une tournée, parait-il. Au vu des ravages de l’autotune perpétrés sur cet album, j’ai peine à imaginer ce que ça va donner. Il devrait faire appel aux Daft Punk pour un maquillage vocal. Les dégats sont irrémédiables, particulièrement, sur Les mots, ce qui est tout de même un comble d’ironie : l’entendre dans son éloge vintage, mais avec la voix de Robocop a de quoi faire tristement sourire.
Il reste, çà et là, deux trois tournures qui peuvent nous rappeler la partie immergée de sa prestigieuse discographie. Mais tout se noie dans un usage addictif du dictionnaire de rimes, pour des vignettes n’atteignant que rarement les trois minutes, au son d’arrangements qui tentent maladroitement de citer d’anciens titres pour rassurer la masse des fans.
Mais Renaud atteint vraiment le fond lorsqu’il se pique de parler de l’actualité. J’ai embrassé un flic n’a eu qu’un effet, l’annonce du titre quelques mois avant la sortie de l’album : ça claquait. La chanson est d’une pauvreté confondante, description inepte et sans intérêt. Hyper Casher est du même tonneau, et on peut franchement questionner cet opportunisme qui exploite le pathos collectif pour alimenter la promo.
Qu’un mec comme lui joue à ce point le jeu des producteurs a de quoi rendre infiniment triste.