Rest
7.1
Rest

Album de Charlotte Gainsbourg (2017)

Jamais jusqu’alors un album de Charlotte n’avait sonné aussi Gainsbourgien – et par extension Birkinien. Il ne faudra pas plus d’une écoute pour se rendre compte à quel point Rest nous ramène invariablement à l’œuvre du couple le plus glamour et le plus scandaleux de la France Giscardienne de nos parents, sans pour autant qu’il sonne daté ou trop respectueux de l’oeuvre de Serge Gainsbourg. Cette prouesse, on la doit donc au producteur électro rattaché à l’écurie de Petro Winter, SebastiAn mais aussi à Forever Pavot présent sur de nombreux titres comme arrangeur ou encore à Owen Pallett et Vincent Taeger (Poni Hoax). Ajoutez à cela la composition de Paul McCartney avec Songbird in a Cage, la boucle mélancolique de Guy-Man des Daft Punk sur le titre Rest, et vous aurez le plus belle team de musiciens rassemblée pour une cause noble, à savoir magnifier les texte bruts, parfois brûlants pour ne pas dire bouleversants d’une artiste, certes respectée depuis toujours, mais dont les albums semblaient jusqu’à ce dernier toujours trop aseptisés pour convaincre totalement.
Et puis là, ô miracle ! Charlotte se dépouille comme jamais, évoquant, à la fois dans sa langue maternelle et paternelle, le souvenir de sa défunte sœur dans le déchirant Kate ou la mort de son père dans Lying With You. Des textes à l’os qui déclenchent des frissons et vous serrent le cœur surtout quant ils sont portés par des musiques électro pop orchestrales majestueuses, renforçant l’aspect terriblement mélodramatique et incandescent des morceaux – simples et directs dans la structure comme dans les mélodies – qui composent cet album.
Un album marqué par le deuil, mais rempli de sensibilité, de douceur et d’intimité, rappelant par ses accents, par ses clins d’œil (volontaires ou non), et ses gimmicks, les albums de Jane et Serge, quand ceux-ci qui travaillaient avec les meilleurs arrangeurs, au cœur des années 70.
Un album terriblement obsédant, sur lequel on revient sans cesse, surtout la première partie, pour sentir à chaque fois cette émotion et ce trouble que peuvent procurer parfois de telles œuvres. https://www.benzinemag.net/

BenoitRichard
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le 5 déc. 2017

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Ben Ric

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