Le titre de cet album de 1968 sent le flower power à plein nez, la pochette médiévalo-baroque avec un Johnny chevalier étincelant peut désarçonner et rappelle pourtant des pochettes de rock progressif des seventies. Pas forcément son album le plus connu et il faut cependant rappeler que c’est son 2e album arrivé numéro 1 dans les ventes ! Pas le plus évident à appréhender, avouons-le, on n’est plus dans le rock même si "Cours Plus Vite Charlie", reprise d'Eddie Cochran ("Cut Across Shorty") qui permet momentanément à Johnny de retrouver ses premières amours rock'n'roll sans fioritures, excellent mais un titre à part dans l’album. C’est la seule reprise de l’album. Il commence de très belle manière avec "Entre Mes Mains", la première grande collaboration de Jean Renard, compositeur de Sylvie Vartan, et du parolier Gilles Thibaut, avant le succès phénoménal de "Que Je T'aime" un an plus tard. Les notes de piano, les cordes graves, l'intensité et la fragilité de cette chanson introduisent avec grâce un album qui mise beaucoup sur cette ambiance, couplée au talent d'interprète de Johnny, tout en évitant l'écueil de la variété sucrée. En fait, cet album réussi dans son ensemble (à condition d’y entrer) m’a fait penser à « Hamlet » avec quelques années d’avance et on sait ce qu’en pense la majorité des fans de Johnny aujourd’hui encore…

Ca explique peut-être pourquoi, en dehors de l’absence de vrai tube, cet album a été oublié. Rêve et Amour fait se succéder tous les paroliers fétiches de Johnny (Georges Aber, Jean-Jacques Debout, Ralph Bernet, Gilles Thibaut, Long Chris) et les compositeurs/musiciens Tommy Brown, Mick Jones, Eric Charden, Johnny ne prêtant ses notes qu'à un seul morceau cette fois-ci ("J'ai Peur, Je T'aime") : Il y a la richesse des arrangements, le psychédélisme dans les déformations de violons ou de voix, la production nébuleuse de Lee Hallyday, les frottements et dissonances, les grelots et le sitar...Bref, de quoi désarçonner après les années soul-Motown de 64 à 67. "Fumée" et "J'ai Peur, Je T'aime" sont parmi les plus belles prestations vocales de Johnny. Eric Charden compose le lancinant "Non, Ne Me Dis Pas Adieu" où Johnny donne là aussi plus qu'un avant-goût de "Que Je T'aime". Un album surprenant, loin d’être parfait mais qui distille un vrai charme, ne tombe jamais dans la mièvrerie et qui ouvre des portes pour la suite.

JOE-ROBERTS
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le 20 déc. 2024

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