Qu'il est facile de se moquer de Johnny Halliday ! (Je ne m'en suis d'ailleurs pas privé à l'écoute de son Hamlet, un disque aussi boursouflé que lui l'est devenu aujourd'hui.) Il faut dire qu'avec cet ersatz de Sgt. Pepper's qui sert de pochette à Rêve et Amour, il donne le bâton pour se faire battre (sans parler du titre !). En voyant mes éclaireurs s'esclaffer dessus, je me suis dit que j'allais jeter une oreille dessus : je ne suis jamais le dernier pour me joindre à la curée, mais j'aime bien savoir de quoi je parle aussi.


Et puis là, grosse surprise. Non, ce n'est pas un grand disque, loin de là, mais impossible de nier que l'accompagnement musical est solide, très solide même. Connaissant le niveau habituel des productions françaises grand public de l'époque, on aurait pu s'attendre à ce que ça vire à la guimauve variétoche ou au psyché mal digéré, de la même façon que Hamlet virait au progue mal branlé. Alors, oui, il y a des ballades trop sirupeuses avec de l'orchestration gnangnan (Non, ne me dis pas adieu), des chansons qui se veulent enjouées mais sonnent carrément neuneu (Quand on sifflait), la tentative de rock sur Cours plus vite Charlie est carrément boiteuse, mais dans l'ensemble, ces écueils sont évités dans ce qui est un quasi-sans faute du côté des instruments. C'est déjà énorme ! (Ouais, les disques de variété française, je revois toujours mes ambitions à la baisse. Après tout ce que je me suis enquillé pour pondre ma liste sur Claude François, ça me semble excusable.)


Non, ce qui pèche vraiment, c'est la voix, évidemment : Johnny en fait tellement des caisses sur Entre mes mains qu'il serait facile d'abandonner l'écoute du disque au bout de quelques secondes. Mais en fin de compte, si on se force un peu, on peut s'y faire. Surtout que (je me répète) la musique derrière est VRAIMENT pas dégueu. Si je ne mets pas plus de 6, c'est en partie à cause de Johnny, mais surtout parce que ça manque un peu de mélodies immédiatement accrocheuses. Sérieusement : effacez la voix du Belge, remplacez-le par le premier péquenaud texan ou californien venu, et vous en trouverez plus d'un pour se palucher sur la redécouverte d'une perle oubliée de la fin des Sixties. Ça me servira de leçon : les préjugés, c'est pas bien.


Si vous ne devez écouter qu'une chanson, essayez Fumée.

Tídwald
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le 10 sept. 2014

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