On va pas y aller par 4 chemins : Revival est mauvais. Prenez une heure et demie pour faire autre chose de votre temps, de la couture, laver votre linge, manger, dormir, ou même écouter Marshall Mathers LP1, que vous avez écouté plus de 200 fois. Car oui, après un Marshall Mathers LP2 qui ambitionnait de revivre et référencer un des albums les plus influents des années 2000 et qui réussissait, tant au niveau de la puissance, de la narration, du mixage, du délire même de l'album, de l'implication d'Eminem dans sa 3ème tentative de retrouver son niveau en 10 ans après un Relapse et un Recovery très faibles, Revival est moche, très moche, et je parle pas uniquemet de l'artwork.
Selon une règle obscure qu'un ami m'a un jour transmis, "dans un bon album, le premier single est un pétard mouillé, dans un mauvais album, c'est celui qui sauve tout le bordel". Et même si Walk on the Water était perturbant d'abord, avec un flow saccadé et volontairement lent, des paroles qui avaient le même thème que MMLP2 ("je suis vieux je suis plus aussi côté qu'avant plus personne en a rien à foutre de mes albums"), et le fait douteux d'avoir choisi une chanson aussi fatiguée comme premier single, avec du recul, ce n'était pas une si mauvaise track.
Le reste de l'album en revanche, même avec du recul, ressemble vraiment à une grosse blague. Sans faire de détail track par track, sachez que Revival est mauvais, d'abord au niveau des paroles et des rimes. Il faut juste écouter pour se rendre compte qu'il essaye de faire le même humour volontairement grossier et stupide, mais on est en 2017 Em, et le délire de ton album n'est plus du tout le même, un peu de cohérence voyons. Entre quelques autres chansons "romantiques" et d'autres visant directement Trump avec un discours faussement subversif, la narration et les paroles soulent vraiment. Au niveau des instrus, on alterne entre des pianos mélancoliques standard, des beats un peu trap, et des samples quoique intéressants mais clairement mixés à la truelle. Revival est censé être la suite de Relapse et Recovery, donc des chansons plus portées sur l'humain Marshall Mathers, pas son personnage ou celui d'Eminem ou de Shady (oui, caravec le temps, Mathers lui-même est devenu un personnage), et les chansons encore portées sur ses relations passées, avec Kim (un chanson presque bienveillante lui est dédiée, un premiere depuis Mockingbird), Hailie, et le reste de sa famille, notamment dans les quelques dernières tracks, qui offrent un début de narration intéressante. A force d'avoir peur et de rapper sur ce qu'il avait peur de devenir, Eminem est bien devenu un artiste talentueux dont on se souviendra, mais vraiment pas pour ses derniers albums.