Bon, après de multiple écoutes de cet album depuis qu'il a leaké, je critique* pour la première fois un album de mon sacro-saint Marshall Mathers the third. Je ne sais pas faire, alors je vais faire morceau par morceau.
Après le mélancolique mais peu entraînant Walk on Water (injustement critiqué parce qu'il était critiqué comme un lead single, ce dont il n'a rien), je tombe donc sur Believe.
Un flow qui change un peu, un retour au downtempo, un beat tout à fait correct. Bref, une réussite, et moi de partir sur un nouvel enthousiasme pour cet effrayant Revival. Et à la question d'Eminem, "croyez-vous toujours en moi ?" J'ai envie de répondre "oui!".
Douche froide immédiate avec Chloraseptic, avec une instru qui ne passe pas pour moi. Puis Untouchable, sur lequel je n'arrive toujours pas à me faire de vrai avis : j'aime bien ce morceau à un moment puis le trouve inaudible deux heures plus tard. River (feat Ed Sheran) ressemble à ce que Em' nous sert inlassablement depuis Recovery : des couplets rapés avec plus ou moins de conviction et d'énergie et des refrains d'artistes pop. Eminem ? Explique nous. En 2009, sur Relapse tu n'avais besoin de personne pour faire tes refrains, et depuis ? C'est un talent qui a disparu mystérieusement, ou alors c'est une forme de confort ? Parce que, ouais, ben ces titres passeront toujours auprès du grand public. Et tes vrais fans, ben ils seront déçus mais il faut qu'ils s'attendent à bien pire.
Avec les deux morceaux qui suivent, Eminem me fait définitivement comprendre que cet album sera le pire de sa discographie. Le massacre en reprise de l'intouchable I love Rock'n Roll sur Remind me laisse mes oreilles dans un état catastrophique. Et puis, merde, Marshall, tu voudrais qu'on sample ton Lose Yourself ?! Et tu voudrais qu'on le reprenne avec si peu d'inspiration ?! Like Home (feat Alicia Keys) semble bien commencer, comme un nouvel hymne anti-trump, puis le refrain d'Alicia Keys me force à enlever mon casque (j'adore Alicia Keys, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit). Marshall ? Tu te rappelles de Mosh ? Tu n'avais appelé personne pour t'aider à clasher ton président avec une toute autre force, si ? Merde...
Les featurings que je redoutais le plus arrivent : X Ambassadors, Skylar Grey, et Kehlani.
Bad Husband est une bonne surprise, les paroles sont touchantes, mais encore le même reproche : avant d'appeler X Ambassadors, Eminem, t'es-tu essayé à un refrain ? Enfin, ça passe bien.
Je n'aborde pas Bad Endings avec l’inamovible Skylar Grey (pourquoi ?). Ca fait trop mal, aux oreilles comme au cœur.
Framed fait bien remonter le niveau sans être transcendant avant qu'Eminem glisse un son parfait pour la radio : Nowhere Fast. L'avantage de ce dernier morceau, c'est que beaucoup ne sauront même pas que c'est un son sorti d'un album d'Eminem s'ils l'entendent en soirée ou à la radio.
Encore une fois, Eminem n'hésite pas à s'attaquer à un classique avec Heat. Sympa. Oubliable. Merci, suivant.
Offended ? Peut-être le morceau où Eminem fait le moins preuve de paresse, et lâche quelques jolies punchlines. Sans encore une fois être extraordinaire, loin de là.
Inutile d'aborder Need Me, je préfère faire comme si ce titre n'était pas sur Revival, et passer à une fin d'album qui sauve les meubles. J'aime bien In Your Head. Castle, chanson pour sa fille est pas mal. Enfin, la première partie d'Arose, morceau où avec un flow assez flemmard il arrive à bien me prendre aux tripes, à propos de son overdose de 2008. Peut-être le meilleur morceau pour finir.
En bref, je ne comprends pas la démarche d'Eminem, ni sa direction. Cet album part dans tous les sens, sent beaucoup plus le pop-rock que le hip-hop. Je comprends mieux qu'Eminem fasse 50 morceaux pour chaque album : ça expliquerait ce manque clair de direction artistique et de cohérence entre les morceaux. Eminem semble avoir enregistré 50 morceaux sur nombre de thèmes, et avoir sélectionné ses 19 préférés, et les avoir compilés avec ses potes Rosenberg et Rick Rubin. Espérons pour lui que dans ce qu'on entendra jamais, il y en a des meilleurs. Certains morceaux corrects et d'autres carrément bons (Arose, Believe...) n'arrivent pas à cacher la faiblesse des autres.
Avec Revival, après 4 ans à ne lâcher ses rimes que de manière homéopathique, Eminem déçoit énormément, et nous livre son pire album, de très loin.
Un immense gâchis de talent, quand on connaît le sien.
Je mets 5/10 parce que c'est Eminem. Je ne peux pas mettre plus, même si ça fait mal au cœur. Pour ceux qui ont détesté de bout en bout, je ne chercherai pas à vous convaincre que Revival vaut quand même le coup, je vous comprends. Pour les Stan comme moi, dites vous bien que j'aurais adoré défendre corps et âme cet album, mais, en toute honnêteté, je ne peux pas. Revival est indigne du Rap God. Si vous kiffez, c'est franchement tant mieux. Moi, je continue de croire que Marshall nous fait une grosse blague, et qu'il va sortir son vrai neuvième album pour Noël, sans prévenir personne.
*Il s'agit beaucoup plus d'une réaction à chaud écrite d'un trait en écoutant l'album que d'une vraie critique.
Pour les critiques, je laisse faire les pros ; ces deux me semblent très pertinentes :
-http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/ecoute-revival-9e-album-deminem-surprenant/
-http://www.lesinrocks.com/2017/12/15/musique/avec-revival-eminem-vient-sans-doute-de-sortir-le-pire-album-de-sa-carriere-111022153/