Rising Doom par Frédéric Schwarz
Si des généalogistes des sons se mettaient au boulot ils tiendraient là un beau cas d'école. On reconnaît tout au long de Rising Doom de Mondkopf des sons qui à l'origine sortaient de synthétiseurs polyphoniques (époque Blade Runner de Vangelis par exemple), des breaks de consistance plus numérique (citons Autechre à ses débuts), des beats & loops semblant sortir de boîtes à rythmes héritées de l'âge d'or de la Techno, ou encore des boucles d'orgue électrique typiques de Terry Riley...
Mondkopf ne fait pas pour autant dans la démonstration d'encyclopédiste, ce n'est certainement pas son intention. Mondkopf apparaît surtout comme étant extrêmement doué dans l'agencement de la matière qu'il tire des banques de sons de ses logiciels et des interventions de quelques instrumentistes. Ce qui frappe en premier lieu dans ses capacités d'agencement (de composition devrait-on dire) c'est son aptitude à balancer des vibrations extrêmement puissantes, dévastatrices, délayées dans un bain de saturations sonores. Le procédé est simple, mais pas facile. Derrière ces troncs d'arbres foudroyés apparaissent des ambiances crépusculaires très soignées. Avec "Rising Doom" l'aurore révèle des ruines. Pire, l'album se referme sur le plus beau et le plus long morceau du disque, Fossil Lights, comme si au fin fond de l'univers la lumière se transmuait en minerai, comme écrasée par des coups de massue titanesques.