Il y a des jours où la vie se fout un peu de votre gueule. Tenez, l’autre jour. Un jour de travail ordinaire, avec un peu de service au public, lors duquel on a la chance de pouvoir écouter un peu de musique. Avec une collègue, on met sur la platine la compilation d’un magazine que je ne lis pas. Parmi les titres ainsi exposés au jugement sans complaisance de nos tympans, un titre retient particulièrement mon attention ; il s’agit d’ « Easy way out », probablement mon titre préféré de ce troisième album de ces ptits gars de l’Oklahoma. Ceux qui n’ont pas eu l’occasion de les découvrir sur le médiatiquement très bien accueilli « Tamer animals » (personnellement, je n’écoute pas les disques qui, sans me connaître ni d’Eve ni d’Adam, m’affublent d’un « tamer ») seront certainement désappointés par le genre développé ici. Car si l’Oklahoma évoque les indiens et les grands espaces, on s’en éloigne pas mal ici. Partis du folk rock, les Other Lives l’ont fait muter, lui ont adjoint tout un aspect orchestral et progressif, pour en faire un genre à part dans le paysage musical actuel. Un peu comme Alt-j à qui ils sont souvent associés, mais avec un côté nostalgique plus prononcé. Le résultat est forcément assez apaisant, beau et extraterrestre. Peut-être trop, même : à force de privilégier les effets de style, et de se concentrer sur la globalité de l’album, le trio perd un peu l’auditeur en chemin. Mais ne nous y trompons pas ; si Other Lives est quelque peu précieux, on ne ressent jamais de prétention, on n’est pas confrontés à un déballage technique, à une expérimentation de studio vaine et gonflante. « Rituals » reste un album très agréable, à la délicatesse et la mélancolie communicatives, un disque crépusculaire d’une grande classe.