Dieu sait que je n'en ai pas entendu que du bien, de cette BO ! Elle fut en effet une des principales victimes des reshoots imposés par les studios Disney à Gareth Edwards, puisqu'elle vit partir notre Alexandre Desplat international au profit d'un Michael Giacchino chargé de sauver les meubles, n'ayant guère plus de 4 semaines pour composer toute la bande originale d'un épisode de Star Wars... Immense responsabilité s'il en est ! Songez donc : premier épisode en images réelles à ne pas bénéficier d'une partition composée par John Williams (si on prend en compte l'animation, c'est Kevin Kiner le premier compositeur à avoir succédé au maître, dans The Clone Wars*), on attendait Rogue One au tournant, sur le plan scénaristique, certes, mais aussi musical. Et quoi ? Pour accomplir cette tâche titanesque, on ne laisse que 4 semaines à Giacchino ?
C'est peu dire que le résultat est au niveau de mes attentes. Dès l'annonce de l'arrivée de Giacchino à la composition, j'ai risqué le pari de lui faire confiance et de le soutenir. Non, Giacchino ne pourrait pas me décevoir ! Mais toutes les belles convictions du monde ne peuvent empêcher certaines craintes de se développer, et c'est non sans une immense appréhension que j'ai particulièrement tendu l'oreille lors de ma séance, afin de saisir les thèmes du maestro, en espérant qu'il ne fasse pas qu'une pâle copie du travail de notre dieu à tous sur les épisodes précédents...
Et bien non ! Certes, Giacchino reprend plusieurs thèmes de son illustre prédécesseur, mais qu'est-ce que vous attendiez ? C'est Star Wars ! Et que serait l'immense saga spatiale sans ses thèmes originaux ? Il les reprend, oui, mais il ne les plagie en aucun cas. Certains thèmes sont les mêmes, certes. Mais les accompagnements orchestraux, eux, sont du pur Giacchino. Et indéniablement, il est le fils spirituel de John Williams, mâtiné de consonances goldsmithiennes à l'occasion (n'oublions pas qu'il a succédé à ce dernier sur son autre grande saga spatiale). Bref, c'est Giacchino, quoi. Et ses variations sur les thèmes connus de tous, si elles sont parfois inégales, sont presque toujours savoureuses à écouter, d'autant qu'il les agrémente avec quelques thèmes personnels qui, eux, n'ont à peu près rien à envier à celui dont l'ombre plane irrémédiablement sur l'ensemble des BO de la saga...
On retrouve donc dans cet album tout ce qui fait la puissance de Star Wars, toutes ces grandes envolées lyriques par des batteries de cordes, ces percussions rythmées qu'on dirait tout droit sortis d'une marche militaire, ces cuivres éclatants nous immergeant au coeur même de l'action... Si la première moitié de l'album nous fait languir, en nous faisant douter qu'on puisse réellement y trouver de grands thèmes, la deuxième moitié est un enchantement, et plus on approche de la fin, plus on approche de la perfection. Qu'on écoute le grandiose The Master Switch et Hope, les éclatants Scrambling the Rebel Fleet et AT-ACT Assault sous tension, ou l'intense Your father would be proud. Sans compter les trois suites conclusives de l'album, particulièrement la Jyn Erso & Hope Suite...
Oh oui, c'est bien du Star Wars ! A tel point qu'en construisant mon top des meilleurs albums de John Williams tout-à-l'heure, j'ai cherché à y intégrer la BO de Rogue One... Quand on pense que Giacchino n'a eu que quatre semaines pour composer la partition de ce film, comment ne pas crier au génie ? Un génie en construction, d'accord. Il n'a peut-être pas encore trouvé tout-à-fait la flamme qui lui permettra de se poser en digne successeur de John Williams. Mais de tous les compositeurs hollywoodiens, il en est à n'en pas douter le meilleur candidat !
*Merci à SnakePlissken pour la précision...