On est arrivé aujourd’hui à un degré de niveau technique incroyable, ce qui rend la qualité des productions électroniques irréprochable, même si ces productions viennent d’un jeune nouveau (merde, il a mon âge !) d’Allemagne. Mais il faut s’interroger si cette perfection n’a pas déjà entraîné un appauvrissement de la musique. Partout, j’entends ce son joliment compressé de la même façon, qui sied à la musique électronique actuelle et parfois à la pop, qui, à défaut d’envahir le marché mainstream, convient déjà à un certain public habitué à ce genre définit comme “chillwave”. Est-ce que “produire”, mixer sa musique de nouvelles manières ne serait justement pas définir avec plus d’importance son propre style, sortir du lot et ainsi, créer un son réellement nouveau, qui ne serait pas simplement reprendre les codes de la musique actuelle. Car justement, si la technique s’est améliorée, elle devrait nous permettre d’explorer et expérimenter de nouveaux horizons, plutôt que se contenter de ce qui existe déjà.
De ces nombreux artisans, Roosevelt est à mettre cependant dans le haut du panier. Je ne vais pas vous mentir, niveau composition, il ne m’a pas touché une seule fois ; ses mélodies sont simples, efficaces mais se démarquent rarement du flot actuel. Cela reste plaisant, d’autant plus que j’ai été réellement impressionné par le niveau de maitrise du jeune homme. Cette façon de faire monter et descendre ses filtres, sans accroches, sans pertes, rend ses morceaux jamais ennuyants et lui permet quelques ponts instrumentaux rares dans les hits des charts numériques, que n’aurait pas renié Giorgio Moroder a sa grande époque. Car on est bien la ; dans un son inspiré par la Synthpop, son "évolution" certains pourraient dire aussi. Sauf que la Synthpop était à ses débuts bien plus aventureuse et audacieuse. Avec ce premier album éponyme, il faudra vous contenter d’un son branché, qui plaira aux plus jeunes, qui fera danser tout le monde en boîte, mais qui manque cruellement de folie.