«Rue de Siam» est l'emblème de toute la génération new wave rennaise fin 70-début 80, celle qui a fondé les Transmusicales et a dominé outrageusement la scène rock française pendant quelques années (Etienne Daho, Complot Bronswick, End of Data, Ubik, Octobre, Marc Seberg...). C'est pour Marquis de Sade l'album de la maturité artistique. Il signera l'apogée du groupe avant l'explosion en plein vol et le début du déclin du rock rennais.
La nervosité et l'urgence de Dantzig Twist sont abandonnées au profit d'un style plus mélodieux et rythmé. Philippe Pascal, qui a gagné en assurance, chante alternativement en anglais et en français. La partie instrumentale est extrêmement travaillée et les cuivres très présents. Le disque abonde de morceaux d'une qualité et d'une originalité rares («Back to Cruelty»,«SAID», «Cancer and Drugs», «Final Fog» ou «Rue de Siam»). Marquis de Sade fait mieux qu'imiter les Cure, Joy Division ou Television, il invente son propre style teinté de funk blanc, de jazz et d'une certain mélancolie bretonne qu'exprime parfaitement la pochette.
La scène cold wave hexagonale reste encore aujourd'hui l'une des rares expériences rock françaises où un véritable courant créatif, mature et autonome vis-à-vis du monde anglo-saxon a vu le jour.