http://sfsorrow.fr/index.php/s-f-sorrow-1968/
S.F. Sorrow est le premier opéra-rock. La plupart des critiques s'arrêtent ici, tout contents de pouvoir étaler leur culture à la face des fans des Who, et c'est bien dommage. Parce que S.F. Sorrow n'est pas qu'un étalon dans une chronologie de toute façon contestable, c'est aussi et surtout l'un des albums qui résume le mieux toute la période psychédélique des années 1960, dans ce qu'elle avait de meilleur (expérimentation tous azimuts) comme de pire (... expérimentation tous azimuts).
Le disque présente tout de même peu de titres vraiment insupportables (Well of Destiny, collage qui accuse son âge ; She Says Good Morning, pop beatlesienne un peu trop simpliste pour 1968), qui sont amplement compensés par le reste : Balloon Burning, Baron Saturday et Old Man Going bottent méchamment des culs, Death, Trust et Loneliest Person ne peuvent que vous tirer des larmes. Somme toute, l'ensemble coule très bien, c'est bourré d'excellents passages (la guitare acoustique sur S.F. Sorrow Is Born, les harmonies vocales sur Bracelets of Fingers, la flûte sur Private Sorrow, et j'en passe). Aussi simpliste soit-elle, l'histoire (Sebastian F. Sorrow naît, une pluie d'emmerdes lui tombe dessus et le laisse vieux, seul et aigri : CAN I RELATE?) est loin d'être la plus stupide jamais portée sur disque.
Les titres bonus, tirés des singles de l'époque, sont tout aussi goûteux, entre la déferlante de fuzz de Defecting Grey et la légèreté joyeuse de Walking Through My Dreams. Si vous ne devez écouter qu'un album des Pretty Things (ce serait très stupide, mais un vaut toujours mieux que zéro), il faut que ce soit celui-là.