Je l’ai écouté après Free Your Mind…je n’aurais peut-être pas dû. On voit comment l’album d’Uncle Georges est pâle à côté, et comment son guitariste Eddy Hazel est bien seul. Là, Carlos est entouré de gars qui n’hésitent pas à lui rentrer dedans. Ils ne font aucune figuration, et ça, c’est le bon. On a un vrai groupe, avec des individualités très fortes, qui se complètent, et ne se marchent jamais sur les pieds, et ce n’est pas si facile à faire tenir. On pensait que le mélange de rythmes, le binaire du rock, et la polyrythmie des cadences latines, était impossible. C’était faux. Exploit. Chaque morceau ressemble à un tour de force. Treat, blues au piano, qui accélère soudain en salsa-rock, ( ?), et puis qui redevient un blues, le plus tranquillement du monde( ?) Etonnant. Deux classiques instantanés. La ballade majeur, pleine de chaleur Evil Ways, et l’hymne universel Jin-Go-Lo-Ba, qui va faire bouger la planète pour quelques siècles encore. Il y a quelque chose d’essentiel dans ce morceau. Le surpuissant, You Just Don’t Care. Savor, qui ressemble à un prélude, prélude à Jin-Go-Lo-Ba…salsa-funk, c’est le seul terme que j’arrive à coller sur ce morceau, c’est ce qu’il m’inspire. Puissant, simple, avec une basse qui frappe comme un tremblement de terre. L’autre grand classique, Soul sacrifice, avec une joute d’égal à égal entre le lead guitar, et l’organiste, et les autres derrière qui ne sont pas en reste…
Un album très riche, avec des percussions à profusion, et une telle joie, une telle expression, qu’on a envie de danser, et qu’on a l’impression d’entendre le public derrière, alors qu’il me semble que c’est un album studio ! Album studio qui ressemble à s’y méprendre à un album live. Des variations rythmiques sur lesquelles n’auraient pas craché Charles Mingus, une inventivité de Big Band, dans le contexte rock, largement dévoyé, métissé, mélange des couleurs. On sent bien que Carlos n’est pas le seul maître à bord. Tous les morceaux sont signés de Santana Band, personne n’est réellement mis en avant, sauf que c’est le lead guitar, donc Carlos, qui donne son nom au groupe, il fallait bien lui donner un nom, au groupe. Une alchimie qui fonctionne à merveille, avec une énergie, une foi communicative. Résultat ça bouge assez pour réveiller un mort ! Et vous découvrez Santana dans sa meilleure période, les débuts. Instrumental, chaud, mélodique, festif…
Que le aproveche ! Album indispensable pour tous les amoureux des wondeful seventies, et du vrai Santana, celui des débuts.