Saripodha Sanivaaram (le samedi ne suffit pas) est un film d’action assez marrant reposant sur une idée géniale, et complètement débile : C’est l’histoire d’un gamin un peu trop sanguin qui, traumatisé par la violence familiale exercée par son oncle sur sa tante, ne supporte pas l’injustice et passe sont temps à coller des roustes chaque fois qu’il est témoin d’une injustice. Sa mère, pour le raisonner un peu, lui propose une idée : il prend sur lui toute la semaine, garde sa colère en lui et, un jour par semaine (le samedi), il repensera à tout ce qui l’a foutu en rogne et décidera à ce moment-là si ça valait vraiment le coup d’être véner. Et si la réponse est oui, c’est parti pour le bal des ramponneaux. C’est bien sûr la dernière promesse qu’il fera à sa mère puisqu’elle claque évidemment juste après d’un cancer très triste.
Dorénavant adulte, et interprété par le sympathoche « Natural Star » Nani (le mec d’Eega), le voila qui serre les chicots du dimanche au vendredi pour consacrer son samedi à la distribution de bourre-pifs salutaires. Tout ça, jusqu’au jour où il découvre qu’un quartier déshérité vit dans la terreur perpétuelle de Daya, un policier ultraviolent. Le cool Nani fait alors face à l’explosif S.J. Surya, magnifique dans son uniforme marron qui joue du bâton comme une majorette appelant au nid. Pour étoffer tout ça, vont passer une charmante bluette, des soucis familiaux un peu naze et intrigue immobilière fort louche, sans qu’on ne s’y intéresse vraiment, la faute, entre autre, à un montage particulièrement décontracté. C’est simple, on a parfois l’impression de voir un simple bout-à-bout qui aurait été bricolé en plein milieu du tournage, le film poussant l’art de l’ellipse jusque dans ses derniers retranchements. Un style particulier, du genre « il manque trois bobines mais on vous passe le film quand même ! » Soit, de toute façon on n’a pas grand-chose à foutre des sous-intrigues car tout ce qui nous intéresse c’est la confrontation entre le bagarreur du samedi et l’odieux flic sadique. Et au fur et à mesure que passent ces imbroglios scénaristiques abscons, qu’on rigole avec ce concept de « bagarre juste le samedi » avec des astuces aussi burlesques que les « oh bah non il est minuit, les patates sont finies ! » s’enchainant avec des « ah bah la pendule recule de 10 minutes c’est reparti pour les gnons ! », se dégage alors la grande thématique du film : Un peuple martyrisé par la police ne doit compter que sur lui-même, il doit retrouver cette confiance et cette estime de soi qui permettent aux gens de s’unir et de faire front commun. L’union fait la force, les faibles, lorsqu’ils sont ensemble, sont fort et alors le courroux de la justice raisonnera dans le cœur des Hommes. Car, nous dit le film, le salut ne viendra pas d’un vengeur solitaire, d’un vigilante ou d’un justicier masqué. Il n’y a pas d’homme providentiel, soufflons nous-mêmes notre forge et bordel de merde, battons le fer quand qu'il est chaud ! C’est donc toute la population qui s’en va foutre une déculottée à la police dans une scène où les comptes seront réglés à coups de tatanes. Les bassines volent et les sales goules de keufs sont matraquées à coups de gamelles. La police est piétinée et le peuple exulte ! Et le spectateur de se demander comment on dit « el pueblo unido jamas sera vencido ! » en Telougou. Bien sûr, cinématographiquement parlant, est pas là sur le film de l’année, mais ce divertissement familial fort honnête joue constamment avec son atout principal, un +4 qui fera voler en éclat les réticences chafouines des esthètes mal embouchés, et qui s’appelle S.J. Surya ! C’est lui qui jouait le caméraman dans Jigarthanda XX et c’était lui le méchant de Raayan. Campant avec une délicieuse hystérie un policier particulièrement vicelard, Surya roule des yeux, tire sa moustache et profite de toutes les occasions, de tous les plans, pour briller en cabotinant avec une truculence contagieuse. Il en fait beaucoup, tout le temps, mais avec une justesse d’horloger suisse et vole sans peine la vedette à Nani, réduit à un rôle apparaissant bien fadasse à côté. S.J. Surya est un génie. Le film, au delà de ses lacunes, est visuellement pas dégueulasse et possède quelques qualités, mais on ne voit que lui dans toute cette tambouille joyeuse.