SBTRKT, prononcé Subtrakt, Aaron Jerome de son vrai nom, est le petit dernier d'une série de producteurs électroniques talentueux explorant les frontières du dubstep et d'à peu près tout les genres de Bass Music (UK Garage, Broken Beat et UK Funky notamment). Le musicien masqué s'est illustré depuis 2009 avec des remixes (non-officiels) de Radiohead et Goldie qui lui ont permis de se faire remarquer et de signer dès l'année suivante un nombre élevé de maxis (neuf !) sur divers labels dont Young Turks, fameux petit label plus indie qu'électronique, connu pour avoir découvert The XX ou Jack Peñate, qui sort aujourd'hui son premier album.
Souvent sublime et remarquable sur maxi, quand il s'agit de faire danser avec finesse et intelligence, l'album éponyme de SBTRKT s'avère être une déception. Comme pour tout les musiciens électroniques dancefloor, deux possibilités s'offraient à lui : proposer un disque club pour DJ avec intros beat et morceaux qui durent six minutes ou faire un disque crossover avec guests vocaux à la pelle (ici Sampha, Jessie Ware, Roses Gabor, Little Dragon) et compositions plus pop. C'est cette dernière que SBTRKT a choisi, et c'est là que se situe l'une des maladies de la musique électronique : sur long format, cela ne fonctionne que très rarement.
Chez SBTRKT, à l'exception de l'exaltant Something Goes Right, meilleur morceau de l'album et du très Bugz In The Attic Pharoahs, broken beat funky et sexy, les morceaux vocaux sonnent pour la plupart incroyablement creux. D'autant plus lorsque le résultat tourne à l'exercice de style, 2-step, très amateur, sur Right Thing To Do, Dubstep sur Wildfire et Trials Of The Past, Broken Beat sur Sanctuary, Electronica sur Heatwave (qui présente une ressemblance troublante avec Three Trapped Tigers) et RnB sur le plutôt réussi Never Never.
Être érudit ne suffit pas à écrire des bonnes chansons. C'est seulement sur Ready Set Loop que nous retrouvons le SBTRKT que nous aimons. La différence est palpable, lorsqu'il crée des instrumentaux, le producteur est bien plus pertinent. Les voix sont un cache misère efficace et surtout une fausse bonne idée.
Nous attendions beaucoup de ce premier album de SBTRTK, un des musiciens les plus talentueux de sa génération, mais en racolant, en ratissant à tous les étages et tous les genres, et en nous imposant trop systématiquement son cher Sampha, aussi doué soit-il, Aarom Jerome s'est égaré.