2005/Le vide a des lueurs d'espoirs
Cet album qui m'avait enchanté à la première écoute, m'a peu à peu lassé.
Dans la discographie de Thiéfaine, je le cataloguerais comme un album sans réelle surprise, celui qu'on attendait.
J'ai souvent le sentiment que cet album se situe à cheval entre deux périodes de l'artiste. Entre le troublant Défloration 13 et le magistral Supplément de mensonge. Deux styles très différents. C'est un album lisse, propre aux sonorités plutôt classiques.
Le nonchalant « Libido moriendi » qui ouvre le bal me laisse de glace, mais déjà « Scandales Mélancolique » évoque quelque chose de différent. Il y a là un gros travail avec les choristes, on en avait pas forcément l'habitude. Thiéfaine serait-il en train de se chercher dans un nouveau style ?
« C'est juste une pénombre
Au fond de la douleur
C'est juste un coin trop sombre
Au bout d'un autre ailleurs »
Le surprenant duo avec Cali pour « Gynécés » nous dévoile une chanson magnifique qui tranche avec l'univers habituel du chanteur. Il va nous parler de choses positives, de beauté, de lumière… Tant de sujets qu'on avait pas l'habitude de côtoyer avec lui.
« Elles portent en nous des cris d'enfants
Comme au temps des cours de récrée
Quand on attend l'heure des mamans
Au bout de nos cœurs estropiés »
« Les joyeux éboueurs des âmes délabrés » viennent ensuite dans une chanson assez surprenante également. Mais j'ai beaucoup accroché à ce titre, je trouve sa rythmique bien choisie et je suis emporté à chaque fois.
« Le jeu de la folie » a un je ne sais quoi de "Zoo Zumains Zébus" et c'est pas pour me déplaire. Suffisamment barré pour me faire marrer.
Nous entrons ensuite dans ce qui me plaît moins. « Last Exit to paradise/Villon télégramme 2003/Loin des temples en marbre de lune/La nuit de la Samain/When Maurice meets Alice, sont des titres qui même s'ils ont d' indéniables qualités, ne se hissent pas à la hauteur de ce à quoi Thiéfaine nous avait habitué. C'est du sympathique, mais sans plus.
« Les jardins sauvages » sont très beaux et j'adore m'y promener avec lui. Encore une fois nous sommes dans un thème de beauté, de richesse et d'amour que nous avions pas l'habitude de côtoyer. C'est déroutant au début, mais plaisant au final.
« La rosée de leurs yeux trop mauves
Reflète une lumière
Qui conduit parfois les vieux fauves
Et les anges en enfer »
Enfin, pour moi la véritable claque fut « L'étranger dans la glace ». A la mémoire des malades d'Alzheimer, cette chanson m'a littéralement transporté. Jamais je n'avais entendus de mots si bien trouvés, si précis et qui expliquent si bien cette maladie. Rajoutons à cela des violons envoûtant sur un rythme lancinant et nous tenons là une des meilleurs chanson de Thiéfaine.
« Le vide à des lueurs d'espoir
Qui laisse une ombre inachevée
Sur les pages moisies de l'histoire
Où je traîne ma frise argentée »
Nous avons donc là un album classique de Thiéfaine avec quelques surprises dans les thématiques abordées. C'est un album « facile » qui plaît généralement beaucoup aux gens qui ne connaissent pas aussi bien Thiéfaine que moi.
Il est loin d'être mon préféré, mais c'est un bon cru, et bon sang, l'Etranger dans la glace, quelle claque !
« La brume adoucit les contours
Des ratures sur mes triolets
La valse des nuits & des jours
Se perd dans un murmure discret »