Aaaah. Scarsick. Il est bien cet album. J'ai juste mis plus de 8 ans à m'en rendre compte. Un petit flash-back est nécessaire. Nous sommes en 2007, je ne connais que quelques morceaux de ce groupe. Un pote me propose de les voir à l'Elysée-Montmartre pour la promotion de leur dernier album, c'était aux alentours de février-mars. Enthousiaste, j'accepte. De plus que cet album, je l'avais téléchargé (illégalement, ouh pas bien) quelques semaines auparavant, donc l'idée d'avoir à faire à des morceaux que je connaissais a également joué pour que je vienne.
Et c'était un super concert!
Voilà. Bon. Et curieusement, c'est pas pour autant que je me suis mis à en écouter plus qu'avant, je n'ai jamais vraiment cherché à en savoir plus sur ce groupe, me contentant que de cet album. Du coup ma critique sera orientée par ce ... critère. Comme je ne connais pas les autres, ça me permettra peut-être d'être assez "authentique" dans ma chronique sans doute, donc c'est intéressant.
En fait, Pain Of Salvation fait parti de ces excellents groupes qui ne me touche pas spécialement. Que je trouve très bon, mais qui ne va pas nécessairement me faire vibrer. Dont l'écoute est agréable mais où je ne ressens pas de frissons. (Wastefall. La première partie du concert, c'était Wastefall, ils étaient grecs et c'était très bon. Par contre, sur skeud c'était chiant) C'est comme ça.
Donc voilà, ça commence par la chanson-titre. Un bon gros riff Metal avec des bons patterns vocaux bien travaillés. Un clavier ... D'ailleurs c'est marrant ça, le clavier est pas du tout proéminent comparé à la plupart des autres groupes de prog-metal, il se contente (Hermannson, le claviériste) de petites interventions en arrière-plan, aussi importantes soient-elles. A l'inverse d'une basse mise très en avant, jouée par Daniel Gildenlöw lui-même. Et c'est drôle parce que la plupart des guitaristes qui enregistrent eux-même la basse en studio généralement ils savent pas la régler et ça sonne moche, ce qui n'est pas le cas ici (je pense en l'occurrence à "My Arms, Your Hearse" de Opeth). Good job, Gildenlöw.
Spitfall, le titre suivant, est un de mes préférés. Il est plein de haine, avec son chant rapé bien vénère et son refrain bien burné, c'est un vrai plaisir auditif. "On est vénère, on vous chie dans les bottes ouuuuuaaaiss!! C'est la "Douleur du Salut" ma gueule! On rigole pas!" De plus, j'adore le petit pattern de piano à l'entrée de chaque séquence, ça fait vraiment sampling-like je trouve ça cool. Le morceau trace sa route avec un petit intermède proggy des familles pour finir en mode crachage de gueule avec son petit solo de guitare en background qui crée un rendu cacophonique mais bien maîtrisé, du coup c'est cool. Définitivement un des meilleurs morceaux de l'album.
"Cribcaged" est un morceau acoustique bien sympathique. Sauf que je ne peux pas blairer les gosses. Du coup, je n'aime pas ce morceau. Des gémissements de nourrissons en intro (et même en outro!), non, c'est pas bon délire, je trouve ça plutôt glauque. Ou alors j'ai trop regardé "Trainspotting", c'est aussi une possibilité.
Ah oui. Alors il faut savoir aussi que tout ce qui se fait par Pain Of Salvation est conceptuel. Du coup, les paroles sont certainement très travaillées (j'ai pas eu la curiosité d'aller les étudier mais ça se sent à l'écoute) ce qui fait que tu sens que tu écoutes quelque chose qui a été mûrement travaillé, et ça c'est agréable.
"America" est la piste suivante. Elle est guillerette, assez directe, entraînante. Mais maintenant quand je l'écoute je la trouve pénible. Ces espèces de patterns de banjos sur les couplets suivis de ce putain de riff en 7/8 je sais pas, mon cerveau refuse de l'accepter, c'est comme ça. Pourtant objectivement c'est un super morceau, mais irritant, très irritant. Avec ces intonations de chant débiles là, ah ça m'énerve!
Bon, les gars, maintenant on passe aux choses sérieuses. C'est l'heure de "Disco Queen". Pourtant il est potentiellement tout aussi irritant que "America", mais là j'adore. Peut-être parce que je suis un gros fan de disco. Les claviers se fluidifient dans les airs, les whou whou, whouhouhouhou AAH!! gloussent à gogo! On a envie de courir vers la piste de danse et de se déhancher comme un couillon! C'est bon, les gars ça! Et en concert c'était génial, Gildenlöw avait fait péter le chapeau, un grand moment!
Par contre, faut pas l'écouter trop souvent, sinon tu peux potentiellement ne plus pouvoir l'écouter. Et ce serait tellement DOMMAGE!
"Kingdom Of Loss" n'est pas un morceau que je trouve très pertinent. On dirait du Prog-rock à la OSI. Un peu vaporeux et chiant. Faussement épique sur la fin. Non, vraiment, passons à la piste suivante ...
"Mrs Modern Mother Mary". J'adore son riff un peu hésitant là, l'atmosphère est oppressante, la voix de Gildenlöw un peu névrosée ... Qui se conclue par un a cappella très court mais extrêmement bandant! Great Job! D'ailleurs, je suis scotché par la polyvalence de la voix de ce type, il peut définitivement tout faire! Et dégager tout un panel d'émotions.
J'aime pas du tout l'intro de "Idiocracy" mais le reste est cool, un peu improbable, c'est envoutant! On dirait que les mecs veulent t'hypnotiser. Ça sonne presque comme de l'electro-psychédélique de hippie par moments, c'est assez déroutant, y'a tellement de genres qui se mélangent dans cet album et pourtant tout ça est d'une très grande cohérence, et ça c'est génial. Là bim, un passage à la Ennio Morricone qui arrive comme ça, sans prévenir, tartinage tribal qui s'en suit. Non non, les mecs, vraiment vous avez fait du bon boulot. La fin du morceau est vraiment épique. Ca reprend le thème "Morricone-style" et ça se conclue en acoustique. Vraiment bien trouvé.
"Flame To The Moth" reprend cette atmosphère un peu psyché que l'on peut trouver dans des groupes comme Tool. Le riff principal groove bien. Le refrain tabasse, et là Gildenlöw, il lâche les chevaux, il beugle. Ça fait du bien. Qu'est-ce qu'il est vénère sur cet album Gildenlöw dis donc! (D'ailleurs, il m'a toujours saoulé son nom à prononcer, j'aurai bien jarté le "l", ce qui donnerait "Gildenöw" bien plus esthétique! Bref ...).
Et on termine par "Enter Rain", qui, sans être un mauvais titre, me laisse un peu indifférent. Les sons de guitares me font penser un peu à "Octavarium" de Dream Theater dans l'esprit. Le refrain est simpliste. On ressent aussi l'influence de Pink Floyd dans les couplets.
Pour conclure, je dirais que cet album est très bon, très cohérent, mais qui a tendance à me lasser sur la fin. A titre personnel, il y a quelques titres que je n'aime pas (Cribcaged, Kingdom Of Loss) qui ternissent un peu son contenu, mais le boulot conceptuel et d'instrumentation est génial. Pain Of Salvation est un groupe de très grande qualité qui parfois m'émeut, parfois pas. Mais une chose est sûre, c'est qu'ils surprennent et ne font pas leur beurre dans les clichés du Metal-Prog. Un groupe entier à l'identité bien affirmée.
Line-Up: Daniel Gildenlöw: Chant, Guitare, Basse, Banjos, Samples, Concept, Composition / Johan Hallgren: Guitares, Chant / Fredrik Hermansson: Claviers / Samples / Johan Langell: Batterie, Chœurs.