5 ans après sa création et d'errances dans les pubs londoniens avec d'innombrables line-ups autant anecdotiques que différents (avec des gus qui resteront dans l'anonymat le plus total et qui ne percerons jamais), Maiden se décide au début de l'année 80 d'enregistrer son premier "full-lenght", le seul avec Dennis Stratton, recruté trois mois plus tôt. Même si il y a beaucoup d'énergie et de spontanéité dans l'exécution, c'est plutôt une déception, la faute à une production carrément bâclée. La faute aussi à plusieurs producteurs qui se sont succédé pendant la phase de réalisation et qui étaient en désaccord avec ce que voulait le groupe (un de ces producteurs aurait même intimé à Steve Harris de jouer avec un médiator! Bouah! Petit inconscient! Du coup ils l'ont jarté. Non, mais). Du coup, on a plutôt l'impression d'écouter une démo. Et Maiden c'est un groupe qui a vocation - selon moi - à avoir une production bien soignée pour rendre bien péchu. C'est pas du thrash quoi. Parce que, globalement, les morceaux sont bons. Même s'ils ne sont pas aussi aboutis que ceux des albums suivants, ils restent intéressants et vraiment sympa à écouter. On a l'impression de vivre avec eux leurs débuts dans les pubs où leur notoriété commençait à grandir. On a l'impression d'écouter un groupe local avec beaucoup de potentiel. Du coup, on est presque content pour eux.
Nan, en fait, ce qui est chiant avec cet album, c'est qu'il est beaucoup trop influencé par Wishbone Ash (d'ailleurs, c'est étonnant qu'ils n'aient jamais repris de morceaux de ce groupe dans leurs B-Sides). On retrouve dans quasiment tous les morceaux ces espèces d'harmonies à deux guitares assez stridentes et dans certains cas pas spécialement bien choisies. Du coup, il manque à cet album une identité propre. A la fois hard-rock, punk, epic, heavy, prog ... Y'a à boire et à manger.
"Prowler" est une bonne tune, bien dynamique, mais pas spécialement mémorable. La version de '88 avec Dickinson est peut-être plus intéressante, mais c'est pas non plus à se taper le cul par terre. "Remember Tomorrow" est assez intimiste et y'a son gros riff instrumental qui fait office de refrain qui contraste bien avec le reste, j'aime beaucoup (Opeth et Metallica l'ont reprise dans leur style respectif, je vous conseille d'écouter si vous êtes curieux). "Running Free" est un peu champêtre avec son pattern batterie/basse sautillant, un classique en live, j'aime beaucoup également. "Phantom Of The Opera", le premier morceau à tendance progressive du groupe, avec un riff central énorme et son thème d'introduction sorti de nulle part, comme un tour de magie. Yeah, les prémices de l'epic-metal à la Maiden, c'est dans ce morceau. "Transylvania" est le premier instrumental du groupe, sympathique mais sans plus (Si vous voulez une version plus pêchue, allez écouter celle de Iced Earth). J'ai toujours préféré Genghis Khan dans le genre. "Strange World" qui me laisse carrément indifférent (c'est quoi cet espèce de chant crooner qu'essaye de faire Di'anno là? On dirait une love song de jukebox à deux balles, hmm, pas fameux), Aaaaah ... "Charlotte The Harlot" (Traduire, Charlotte la traînée) est cool. Le refrain est juste mémorable, très évocateur: "Charlotte The Harlot, Show Me Your Legs! Charlotte The Harlot, Take Me To Bed! Charlotte The Harlot, Let Me See Blood! Charlotte The Harlot, Let Me See Love!" Mort de Rire! Il savait se faire plaisir, Dave Murray! D'ailleurs, ce sera le seul titre qu'il aura composé en solo pour le groupe. Et on fini avec la chanson titre "Iron Maiden" qui m'a toujours un peu saoulé avec son riff qui revient systématiquement dans le morceau et ces putains d'harmonies irritantes. Bon, en live, c'est toujours funky de voir déambuler Eddie sur la scène en faisant des "epic-fights" avec Janick Gers, mais voilà, musicalement, ça reste juste moyen. (Ouah putain j'suis balaise! j'ai réussi à caler une anecdote sur Janick alors qu'il rejoindra le groupe seulement 9 ans plus tard pour un album avec une production aussi naze que celui-ci! "No Prayer For The Dying", vous voyez? Mais bon, on en est pas encore là ... Parce que bon. Autant pour leur premier album, je veux bien, mais pour le 8ème, là c'était pas excusable, mais bon, on arrête avec les anachronismes. Et d'ailleurs, le premier que je surprend à faire du "Gers-Bashing" se prend une tarte)
Donc, voilà, il est sympa le premier Maiden, il s'écoute bien, il est assez fun, assez punk dans l'esprit (Di'anno, quoi) mais je trouve que ce n'est pas non plus une référence (et puis, cette pochette quoi, mort de rire, c'est la glorification d'un eddie-clodo, à l'image du son pourrave de l'album en fait, intéressant). Pour moi la référence, elle viendra l'année suivante avec "Killers". Alors Killers, c'est dans le même esprit que "Iron Maiden" ... Mais en mieux (et surtout avec une production aux petits oignons).
Line-Up: Paul Di'anno: Chant / Steve Harris: Basse / Dave Murray, Dennis Stratton: Guitares / Clive Burr: Batterie