J’aime beaucoup me replonger dans ce premier album. Premier album ça veut dire beaucoup de choses en fait pour un artiste, un groupe. Mais, aussi génial qualitativement soit-il, difficile d’imaginer ce que le groupe deviendra quand on est simplement en 1980 et qu’on écoute ce disque.
Cela veut dire beaucoup de choses disais-je, car, en fait un premier album, c’est ni plus ni moins que la rampe de lancement, le plongeon dans le grand bain de l’industrie musicale. Et les débuts chez Maiden furent pour le moins plutôt compliqués. Il suffit de voir la longue liste de musiciens qui sont passés chez la vierge de fer entre 1975 et 1980 pour se rendre compte que, Steve Harris, le petit chef, ne doit pas être facile à suivre.
Mais c’est surtout que nous avons affaire à un type ultra déterminé, dévoué à 100% à sa musique, et à la foi inébranlable envers son bébé. C’est encore vérifiable aujourd’hui, ne serait-ce que dans son regard, son envie de “tuer” son public (gentiment hein, en mode metal), sa passion à chanter les paroles tout seul comme un fan lambda. Et donc on se retrouve avec ce gars, bassiste leader d’un futur mastodonte du Heavy Metal.
Je ne referai pas l’histoire de la NWOBHM, tout ça se trouve facilement sur le web, et ça me prendrait des paragraphes entiers. Toujours est-il que Maiden en est, avec Saxon, l’un des fers de lance, aux côtés de formations plus ou moins anonymes, qui ne font aujourd’hui que figure de vestiges d’un temps reculé. Alors s’ils portent encore l’étendard de cette vague purement marquée 80’s, c’est qu’ils ont réussi à tirer leur épingle du jeu. Et dès le premier album, Iron Maiden fait la différence.
Parce que l’alchimie entre tous les composants est parfaite. La qualité de composition instrumentale est déjà présente. Construite autour des lignes de basses omniprésentes (et ce sera une constante chez Maiden) du chef Harris, les parties de guitares balancent de la mélodie inspirée et catchy à tout va. “Prowler”, “Remember Tomorrow”, l’instrumentale “Transylvania”, “Strange World” c’est toutes les gimmicks et la patte harmonique qui vont structurer à jamais les titres des londoniens. Et pourquoi ça tue ? Je vous dirais simplement d’écouter, mais comme je suis en train de m’amuser à taper sur le clavier, je vais essayer de creuser un peu. Bon, en fait, il se trouve qu’Iron Maiden va inspirer environ 90% des groupes de metal en terme de construction mélodique. Alors pour tout vous dire, je n’ai jamais été un grand spécialiste des chiffres donc selon votre opinion éclairée, ce nombre peut varier… Mais difficile de s’en éloigner tant leur signature sonore se retrouvera dans une flopée de formations metal.
“La mélodie c’est bien joli, mais le rock dans tout ça ?!”
Ah, cher ami lecteur, il est là, il est là… Incarné, entre autres, par ce diable de Paul Di’Anno, premier chanteur de la Vierge de Fer à l’énergie débordante, tant dans son attitude que dans sa voix. Et les débats seront légion par la suite, avec son éviction en 81 et son remplacement par Bruce Dickinson. Amusez-vous à lire les sections commentaires de vidéos où le principal intéressé se produit. Toujours est-il que, techniquement, ce bon vieux Paulo assure derrière son micro. Un petit gars hargneux de l’East End londonien qui vient cracher sa rage purement rock, contrebalançant cette grâce incarnée par les harmonies de guitare de Dave Murray et Dennis Stratton. Mais le bonhomme sait également se faire émouvant dans son chant et varie entre un timbre rocailleux vindicatif et une clarté vocale des plus touchantes lorsqu’il s’agit de calmer le jeu… Avant la tempête. “Remember Tomorrow” est visée. En parlant de tempête, prenez également le batteur d’alors, Clive Burr. Une véritable tornade derrière ses fûts. Pas trop le genre à se poser des questions comparé au futur jeu plus subtil de Nicko McBrain… Mais nous n’y sommes pas encore...
Et pour qu’un album soit grand, il faut une composition de génie : “Phantom of the Opera” sera la première d’une longue liste de titres sortis de l’esprit créatif prolifique de Steve Harris. Et quelle compo. Épique, ravageuse et extraordinairement entraînante, nous sommes en face d’un chef d’oeuvre du Heavy Metal qu’on se doit d’écouter et réécouter sans modération pour l’apprécier un peu plus à chaque fois.
Et pour conclure, le groupe balance son petit hymne de concert, manière de se rappeler qu’Iron Maiden est aussi, et surtout, un groupe de scène qui saura mettre en avant son sens du spectacle et la participation indispensable de la foule. Quoi de mieux qu’une chanson qui porte le nom de ses créateurs pour cela ? Simple mais efficace. Phrase bateau, mais qui, au fil de temps, ne sera plus trop le leitmotiv du groupe. On se dirigera plutôt vers du “complexe, mais efficace”. Pour notre plus grand plaisir.
Iron Maiden est donc un excellent premier album, quasiment parfait en fait. Il donnera le ton, et annonce la couleur de ce que sera la musique selon Steve Harris. De la rage, des hymnes taillés pour la scène, une envolée épique, des histoires glauques, bizarres, fascinantes… En mélangeant tout cela, des musiciens et des compositeurs hors-pairs, on obtient donc le plus grand groupe de Heavy Metal. Tout simplement.
Difficile d’imaginer ce que le groupe deviendra disais-je en introduction. Tu parles… Beaucoup avaient déjà vu et déjà compris en observant le regard de Steve Harris sur scène… L’affaire était pliée.